Sur les 30 événements prévus par le nouveau Musée canadien de l'histoire (qui chapeaute trois institutions: le Musée canadien de l'histoire, le Musée canadien de la guerre, et le Musée virtuel de la Nouvelle-France), à Gatineau, pour commémorer le 150e anniversaire du Canada, 26 vont célébrer des guerres et auront donc lieu au Musée canadien de la guerre, a dénoncé jeudi le député libéral Stéphane Dion.

Il y voit une autre tentative du gouvernement Harper de redéfinir le pays avec deux choses bien précises en tête: la monarchie et le militaire.

Au moment où le populaire Musée des civilisations a été transformé en musée d'histoire, M. Dion disait déjà s'inquiéter que la programmation n'y soit dictée par l'idéologie conservatrice. La liste des événements confirme ses craintes, a-t-il dit jeudi en entrevue avec La Presse Canadienne.

M. Dion a obtenu cette liste en posant une question formelle au gouvernement conservateur par une procédure parlementaire. Elle fait état de toutes les activités prévues au Musée en lien avec l'anniversaire-clé de 2017. La programmation des fêtes de la Confédération de 1867 s'étend toutefois de 2012 - pour marquer le 100e anniversaire du début de la guerre de 1812 - jusqu'à 2020.

Les guerres soulignées au musée pendant ces festivités sont notamment celle de 1812, la Première Guerre mondiale et la Seconde, en plus d'expositions sur des médailles militaires.

Le 400e anniversaire de la première visite de Samuel de Champlain en Outaouais sera toutefois célébré, comme la proclamation royale de 1763, et une grande exposition-phare sur l'année 1867 sera organisée.

Sinon, la liste n'en finit plus sur les diverses expositions créées en lien avec la Première Guerre mondiale dont on souligne le centenaire.

«On est un pays qui a fait de grandes choses», juge le député Stéphane Dion, citant le Canada comme un «pionnier de la démocratie et des droits de la personne». «Il y a plein de choses que l'on peut célébrer et tout est orienté vers le militaire», déplore-t-il.

Il est d'accord que le «passé militaire glorieux» du Canada - l'armée n'étant intervenue à l'étranger que pour assurer la paix et la justice, selon lui - mérite d'être souligné, mais il estime avec cette vision réductrice des célébrations, les conservateurs «appauvrissent la richesse de notre histoire».

Selon lui, tout n'a pas été que conflits armés au Canada. Le député libéral de Saint-Laurent-Cartierville aurait aimé voir dans la liste des festivités une célébration de la Charte canadienne des droits et libertés et du centenaire du droit de vote des femmes, entre autres exemples.

Questionnée en Chambre à ce sujet, jeudi, la ministre du Patrimoine canadien, Shelly Glover, a répliqué que le Musée canadien de l'histoire prend ses propres décisions en matière de programmation.

«Les musées font leur propres décisions opérationnelles», a-t-elle répondu, écartant toute forme d'ingérence de son gouvernement.

«Ce sera un succès partout au pays grâce aux consultations que nous avons faites auprès des Canadiens et Canadiennes, et des consultations se poursuivent», a-t-elle ajouté au sujet des célébrations du 150e.

La facture des expositions au musée canadien de l'histoire pourrait s'élever à près de 9 millions $ sur huit ans, ce qui représente les sommes déjà dépensées ou approuvées pour l'être, peut-on lire dans la réponse fournie par le gouvernement.