Contrairement au gouvernement libéral, les regroupements étudiants accueillent favorablement le rapport de la Commission spéciale d'examen sur les événements du printemps 2012 (CSEEP), qui a été rendu public mercredi soir.

La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) se réjouit de voir que la commission présidée par Serge Ménard a identifié deux éléments qui, selon le regroupement étudiant, ont contribué à la «création du climat de tension»: d'abord, le «refus clair du gouvernement de négocier», puis la remise en question de certaines techniques d'intervention des autorités policières.

La présidente sortante de la FECQ, Éliane Laberge, a aussi dit partager «clairement» l'avis des commissaires, qui ont émis des doutes quant au niveau de préparation de la Sûreté du Québec (SQ) à la veille du conseil général du Parti libéral du Québec (PLQ) de Victoriaville. La manifestation organisée en marge de l'événement, le 4 mai 2012, avait rapidement viré à l'émeute.

«On peut craindre qu'il y ait eu de sérieuses lacunes au niveau des renseignements, quant à l'évaluation du risque» et «certaines lacunes au niveau de la préparation du site, lequel devait être sécurisé (nettoyé)», peut-on lire dans le volumineux rapport rendu public mercredi soir.

La SQ n'a pas souhaité réagir au contenu du document dans l'immédiat. «C'est un rapport très récent, alors évidemment, nous, on doit prendre connaissance du rapport, et s'il y a réaction, vous (les médias) serez avisés en temps opportun», a indiqué jeudi le sergent Claude Denis, porte-parole de la police provinciale.

Il reste que pour Mme Laberge, qui avait rencontré les trois commissaires à huis clos, ce rapport ne devrait pas devenir un instrument de blâme pour les différents camps ayant été impliqués dans ce conflit.

«Je ne pense pas que ce rapport-là doit mener à une chasse aux sorcières pour déterminer qui a été le plus méchant ou le plus coupable. Je pense que toutes les parties doivent avoir l'humilité de dire que des erreurs ont été commises et qu'il faut tabler sur ces erreurs-là», a indiqué celle qui cédera sa place le 1er juin.

Son prédécesseur à la barre du regroupement étudiant, l'ancien député péquiste Léo Bureau-Blouin, accuse pour sa part le gouvernement libéral d'avoir torpillé le rapport quelques heures après sa publication.

«Quand je regarde la réaction de la ministre de la Sécurité publique (Lise Thériault) et du gouvernement en général, je trouve que c'est un peu décevant. On attaque beaucoup les messagers plutôt que le message, et on dirait qu'on ne prend pas le temps d'analyser à leur juste valeur les propositions qui sont là-dedans», a-t-il déploré en entrevue téléphonique.

Contrairement à certains détracteurs de la commission Ménard, M. Bureau-Blouin estime que celle-ci n'a pas été mise sur pied à des fins partisanes par l'ancien gouvernement Marois, dont il faisait partie.

«C'était pertinent et nécessaire comme exercice, a-t-il fait valoir. Il ne faut pas mettre ça sous le tapis. Le gouvernement libéral peut ne pas être d'accord avec les gens qui ont été choisis pour mener l'exercice, mais ça n'empêche pas qu'il faut prendre le temps de regarder les différentes propositions à leur juste valeur.»

Son ancienne compagne d'armes de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), la candidate péquiste défaite Martine Desjardins, n'a pas voulu accorder d'entrevues sur le sujet, même si elle s'était présentée devant les commissaires pour livrer un témoignage en septembre 2013.

Le nouveau président de la FEUQ, Jonathan Bouchard, à qui les demandes d'entrevues ont été dirigées, s'est réjoui de constater que le rapport insistait sur l'importance de la communication et de la négociation dans ce type de situation.

Le gouvernement «n'est pas au-dessus de négocier» avec les différents acteurs sociaux, et son «refus de discussion» a mené ultimement à l'«escalade du conflit» au printemps 2012, a-t-il affirmé.

Les travaux de la CSEEP étaient présidés par l'ex-député bloquiste et ancien ministre péquiste Serge Ménard. Celui-ci était épaulé par l'ex-leader syndicale Claudette Carbonneau et le juge à la retraite Bernard Grenier.