Mohammed Harkat s'est dit « anéanti » par la décision de la Cour suprême qui confirme la validité du certificat de sécurité dont il fait l'objet, jeudi. Il craint qu'une éventuelle expulsion du Canada le mène à une mort certaine dans son Algérie natale.

Le résidant d'Ottawa et son épouse, Sophie Harkat, ont réagi avec émotion à la décision rendue mercredi par le plus haut tribunal du pays.

« Je m'attendais à un procès juste et ouvert, alors je suis anéanti par la décision ultime d'hier », a déclaré M. Harkat, les larmes aux yeux.

Ce résidant d'Ottawa, qui n'est pas citoyen canadien, a été arrêté en 2002 parce que les autorités le soupçonnent d'être un « agent dormant » pour un groupe terroriste. Il se bat depuis contre les tentatives de l'expulser vers son pays d'origine, l'Algérie, car il craint d'y être torturé.

Le gouvernement canadien l'a donc détenu en vertu d'un certificat de sécurité, une procédure rare qui vise actuellement trois personnes au Canada.

La décision de la Cour suprême a confirmé la validité de cette procédure, ouvrant du coup la porte à ce qu'il soit déporté du Canada.

« Ce qui reste maintenant, c'est que si le gouvernement canadien veut me renvoyer en Algérie, ils devront m'y envoyer avec une boîte, a-t-il ajouté. Ils vont me torturer et m'enterrer dedans. »

Son épouse, Sophie Harkat, entend continuer de se battre pour que son mari puisse rester au Canada. Elle envisage de porter la cause devant les Nations Unies.

« Les 12 dernières années ont été l'enfer pour nous, a dit Sophie Harkat. De la détention aux conditions de libération qui ont été parmi les plus difficiles dans l'histoire du Canada. Moi-même, j'ai été prisonnière dans ma propre maison pendant trois ans et demi. »

Des groupes de défense des droits de la personne ont déploré la décision de la Cour suprême. Selon eux, elle avalise un processus judiciaire opaque qui ne permet pas à l'accusé de consulter toute la preuve amassée contre lui.

L'avocat de M. Harkat, Norman Boxall, affirme que la balle est maintenant dans le camp du gouvernement fédéral, à qui revient la décision d'expulser son client. 

« Le certificat de sécurité est apparenté à un ordre de déportation, mais celui-ci n'entre pas en vigueur immédiatement, a dit l'avocat. Le gouvernement a encore plusieurs obligations à remplir en vertu de la loi et, comme toute autre personne dans ce pays, M. Harkat va exercer tous les droits consentis par la loi pour s'assurer que les procédures soient justes. »