Pour les prochains mois, une large coalition comptant quelque 55 000 employés municipaux promet de mener la vie dure aux élus qui veulent sabrer leurs régimes de retraite.

Réunis au Palais de congrès mardi matin, un millier de délégués ont voté à l'unanimité, dans une ambiance survoltée, le lancement officiel d'un plan d'action visant à «à faire contrepoids à tout ce qui se fait et dit sur la place publique et qui n'est pas exact», selon le porte-parole Marc Ranger.

Les policiers, pompiers, cols bleus, cols blancs et professionnels réunis au sein de cette coalition, dont près de 18 000 travaillent à la Ville de Montréal, sont «inquiets», précise M. Ranger. «On ne veut plus qu'il se fasse de la démagogie. On va montrer que ce n'est pas vrai qu'on est des gras dur.» 

Pas besoin de loi

Le Parti libéral du Québec a promis en campagne électorale qu'il reprendrait, à quelques détails près, le projet de loi déposé par le gouvernement péquiste avant le déclenchement des élections. Cette loi imposerait une période de négociations de six mois, suivie de six mois de conciliation à l'issue de laquelle les municipalités pourraient imposer un partage égal des coûts des régimes de retraite. Dans le cas de Montréal, par exemple, la Ville assume près de 70% des coûts des régimes.

«On n'a pas besoin de projet de loi, on en a fait la preuve, chaque semaine on a des règlements, argue Marc Ranger. On ne peut pas dire d'un côté qu'on croit à la négociation et de l'autre côté, on a un projet de loi qui nous empêche de négocier.»

Même si les libéraux promettaient en campagne électorale d'allonger à un an la période de négociation, la coalition s'oppose «à toute balise imposée», explique-t-il. Il promet de donner «les vrais chiffres» et de «répliquer coup pour coup» aux déclarations de certains élus.

«L'Union des municipalités du Québec ne sera plus toute seule sur la patinoire. Le déficit de 5,1 milliards dans le secteur municipal, il est faux. Si on faisait une nouvelle lecture au 31 décembre 2013, deux ans plus tard, il serait fondu en bas de 4 milliards de dollars. La situation est en train de se résorber. Arrêtez d'essayer de nous bulldozer.»

Négociation sans confrontation

Concrètement, les employés municipaux ont un premier rendez-vous le 24 avril prochain, pour une manifestation devant les bureaux de l'UMQ, rue Sherbrooke Ouest à Montréal. Ils promettent en outre de participer aux comités, forums et commissions parlementaires pour faire valoir leur point de vue. On n'envisage pas de moyens de pression plus corsés pour l'instant, indique M. Ranger. «Le message de la coalition, c'est la négociation, pas la confrontation. On ne parle pas de grève générale illimitée. On a pris l'engagement de trouver des solutions intelligentes aux tables de négociation, on va aller jusqu'au bout avec cette coalition. On défend un principe qui est attaqué, avec le virage à droite actuel, c'est celui du droit fondamental à la libre négociation.»