Sources de financement diversifiées, autonomie, rapatriement de pouvoirs, une place sur le conseil d'administration d'Hydro-Québec et un tout nouveau «pacte métropole-capitale». Ce que le maire Denis Coderre a d'abord présenté comme «la traditionnelle liste d'épicerie en période électorale» s'est plutôt transformée en une véritable révolution des relations entre le gouvernement du Québec et ses deux principales villes.

En point de presse ce matin à l'hôtel de ville de Montréal, flanqué de son homologue de Québec, Régis Labeaume, le maire Coderre a appelé à «des changements profonds» pour permettre aux deux villes d'assumer leurs responsabilités. Il a appelé les chefs des principaux partis à s'engager à leur accorder un statut particulier pour se défaire de la «quasi-tutelle» qu'elles subiraient.

«Montréal étouffe, dans bien des domaines, elle n'a pas la place qui lui revient dans la structure, a déclaré le maire Denis Coderre. On a l'impression que les municipalités comme la métropole et la capitale doivent être dans la salle d'attente de l'Assemblée nationale pour qu'il y ait des changements.»

Une loi pour la métropole

Il a repris à maintes reprises sa formule voulant qu'on ne définisse plus le monde en termes de pays ou de continents «mais en termes de villes». «Une vraie métropole devrait avoir l'autonomie de décider où sont ses priorités, estime-t-il. Toronto l'a fait en 2006. La deuxième plus grande ville du Canada devrait pouvoir jouer pleinement son rôle.» Il souhaite qu'une loi en bonne et due forme accorde à Montréal un statut de métropole.

Le maire de Québec, Régis Labeaume, a acquiescé, expliquant qu'une métropole comme Montréal mal en point «est une très mauvaise nouvelle pour l'ensemble du Québec». Son principal grief, quant à lui, concerne le pouvoir des «bureaucrates» du gouvernement provincial de décider à sa place. «Nous n'en pouvons plus d'étouffer sous la réglementation, que des bureaucrates à Québec ont plus de pouvoirs que les maires de Montréal et de Québec. Ça n'a aucun bon sens.»

Il a résumé les demandes du duo des maires comme un «branding new deal», un tout nouveau pacte qui donnerait des pouvoirs nettement plus étendus aux villes. Que ce soit pour le développement économique, pour la culture, les relations internationales, l'intégration des immigrants, le transport collectif, la capacité de diversifier les sources de revenus sans dépendre de la richesse foncière, ce pacte ratisse large. Les deux maires ont cependant assuré qu'il ne s'agissait pas que d'une question d'argent, bien qu'ils réclament des transferts à la mesure des nouvelles responsabilités qu'ils souhaitent rapatrier.

«Je ne veux pas un dollar de plus des contribuables, ce n'est pas de l'argent additionnel, mais un transfert», a martelé le maire Labeaume. «On n'ajoute pas, on récupère, a ajouté le maire Coderre. Les cités globales, les États cités, c'est tout ce qui se passe sur notre territoire. On a besoin d'être partie prenante de la décision, avec les transferts qui viennent avec.»

Le maire de Westmount et président de l'Association des municipalités de banlieue de l'île de Montréal, Peter Trent, ainsi que la vice-présidente de l'Union des municipalités du Québec, Suzanne Roy, assistaient également à la conférence de presse. Pour M. Trent, la répartition des pouvoirs entre Québec et ses municipalités est un anachronisme qui doit être corrigé. «Nous sommes gelés dans le temps avec une constitution datant de 1867.»

Ressusciter les projets de loi

Concrètement, M. Coderre demande de rapatrier dans son giron les responsabilités et les budgets de centres locaux de développement (CLD), des corporations de développement économique communautaire (CDEC), «ainsi que l'ensemble des organismes voués au développement économique oeuvrant sur le territoire de Montréal.

Les maires souhaitent en outre que le prochain gouvernement adopte les projets de loi laissés en plan par le déclenchement des élections, notamment ceux sur l'inspecteur général, les régimes de retraite et le recouvrement des sommes payées.

Quant à l'exigence d'un siège sur le conseil d'administration d'Hydro Québec réservé à Montréal, le maire Coderre l'explique par le fait que la société d'État «intervient régulièrement sur le domaine public». Il a donné en exemple la récente controverse sur l'augmentation du tarif d'électricité qu'a subie la Société de transport de Montréal et l'électrification des transports.

En ce qui concerne les célébrations du 375e anniversaire de la métropole en 2017, il demande un engagement financier ferme de Québec et, plus particulièrement, l'assurance que le recouvrement d'une partie de l'autoroute Ville-Marie sera une priorité.