Un drame digne de la télésérie Homeland secoue présentement Ottawa : La Presse a appris qu'une enquêteuse senior d'une équipe intégrée sur la sécurité nationale vient d'être suspendue car elle est soupçonnée d'avoir développé une relation amoureuse avec une de ses cibles, un homme d'affaires d'origine iranienne qui s'est retrouvé dans la mire de la GRC.

Selon nos sources, la jeune enquêteuse québécoise est une employée de Passeport Canada qui avait été prêtée à une Équipe intégrée de la sécurité nationale (EISN), un regroupement anti-terroriste aux activités top-secrètes, formé en 2002 en réaction aux attaques du 11 septembre et placé sous l'autorité du ministère de la Sécurité publique.

Elle aurait échangé pendant plusieurs mois des messages textes et des courriels qui laissent entrevoir des rapports très intimes avec sa cible.

La Presse a appris de source sûre qu'une enquête interne vient d'être déclenchée sur cette affaire et que l'enquêteuse a été suspendue jusqu'à ce que la lumière soit faite sur la nature de sa liaison. Elle a perdu tous ses accès aux bureaux fédéraux et au système informatique pour la durée de l'enquête.

Passeport Canada n'a pas commenté l'affaire mais Alexis Pavlich, attachée de presse du ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration Chris Alexander, a confirmé que le ministre a demandé des comptes à ses fonctionnaires.

« Notre gouvernement prend de telles allégations très au sérieux », a déclaré la porte-parole.

« Aussitôt informé de ces allégations, le ministre Alexander a demandé aux fonctionnaires de prendre des actions rapides et sérieuses pour s'assurer que la sécurité et l'intégrité du programme n'ont pas été compromises », affirme-t-elle.

Jointe sur son cellulaire, l'enquêteuse suspendue a dit ne pas être en mesure de nous parler.

L'homme avec qui elle est soupçonnée d'avoir entretenu une amourette est Arian Azarbar, un homme d'affaires montréalais d'origine iranienne impliqué dans plusieurs projets de développement immobilier au Venezuela.

Les allers-retours de M. Azarbar entre le Canada et le Venezuela, un pays où il rencontrait des Iraniens impliqués dans des projets conjoints entre Téhéran et Caracas, ont attiré l'attention des autorités canadiennes ces dernières années. La GRC, notamment, a tenté sans succès de confirmer des craintes selon lesquelles il aurait travaillé pour le régime Iranien.

M. Azarbar a donc été interrogé et fouillé à plusieurs reprises. C'est par la suite qu'il aurait développé une relation avec l'enquêteuse canadienne, qui comptait sur lui pour l'aider dans des enquêtes de sécurité nationale canadienne.

M. Azarbar n'est accusé de rien. Il possède un petit antécédent pour voies de fait et extorsion à Montréal.

Plus de détails dans La Presse de demain.