Le maire de Toronto, Rob Ford, a clairement exprimé son désaccord, vendredi, face au déploiement d'un drapeau arc-en-ciel devant l'hôtel de ville pour protester contre la loi homophobe adoptée en Russie avant les Jeux olympiques de Sotchi.

M. Ford a souhaité que ce drapeau soit retiré, et qu'il soit remplacé par l'unifolié. Selon lui, les Olympiques sont une occasion de faire preuve de patriotisme, pas de discuter «des préférences sexuelles de certains».

Lorsqu'il a su que ce lever de drapeau visait à contester la loi russe, il a rétorqué que la Russie avait le droit d'agir comme bon lui semblait, mais qu'«ici, nous sommes Canadiens».

Le drapeau avait été hissé sur un «mât de courtoisie» sur lequel flotte habituellement le drapeau municipal, mais qui accueille à l'occasion un autre drapeau pour une bonne cause. Plusieurs autres mâts autour de l'hôtel de ville font flotter en permanence le drapeau municipal et l'unifolié.

Toronto est l'une des nombreuses grandes villes canadiennes qui avaient décidé de faire flotter le drapeau gai lors des Jeux de Sotchi - dont Montréal, Québec, Laval, Gatineau, Ottawa et Edmonton - afin d'appuyer la communauté LGBT (lesbiennes, gais, bisexuels et transgenres).

Une porte-parole de la Ville a indiqué que le maire n'avait pas officiellement réclamé que le drapeau soit retiré, mais qu'il s'était plutôt interrogé sur sa présence. Jackie DeSouza a précisé que l'organisme sans but lucratif qui avait déposé la demande concernant le drapeau a respecté la politique de la Ville en cette matière.

Chez certains militants de la cause LGBT, l'affaire du drapeau a suscité des commentaires bien sentis. «Le fait qu'il [Rob Ford] décide d'agir carrément pour faire retirer un drapeau symbolisant un appui envers certains des droits de la personne les plus fondamentaux est probablement plus choquant que tout ce qu'il a fait d'autre», a déclaré Suzy Richter, après une conversation avec le maire.

Rob Ford a été souvent critiqué pour son refus de participer au défilé de la fierté gaie dans sa ville chaque année en juin, prétextant que l'événement coïncide avec une réunion familiale annuelle lors du long congé de la fête du Canada.

Lors d'un débat, jeudi soir, le maire Ford a indiqué qu'il n'irait pas non plus cette année au défilé même si Toronto accueille la World Gay Pride, qu'il n'était jamais allé à un défilé gai, et qu'on ne le changerait pas.

Il a néanmoins assisté l'an dernier au lever du drapeau multicolore, à l'hôtel de ville, lors du lancement des festivités.

Le frère du maire, le conseiller municipal Doug Ford, a nié que les deux hommes soient homophobes. Mais il a confié son malaise à l'idée d'emmener ses enfants à un événement où «des hommes bedonnants» se promènent dans la rue «tout nus».