Un rapport du directeur parlementaire du budget contredit le président du Conseil du Trésor: les fonctionnaires fédéraux ne prennent en moyenne que 11 journées et demie de congés de maladie payés par année, et non pas 18.

Voilà ce qu'a calculé le directeur parlementaire du budget, Jean-Denis Fréchette, dans un nouveau rapport dévoilé jeudi.

C'est le député néo-démocrate Paul Dewar qui a demandé au directeur parlementaire du budget (DPB) d'examiner le taux réel d'absentéisme au sein de la fonction publique.

Le DPB estime que le coût salarial des congés de maladie payés de la fonction publique fédérale s'est chiffré à 871 millions $ en 2011-2012.

Il s'agit d'une augmentation de 68 pour cent - une fois l'inflation prise en compte - par rapport à l'impact estimé il y a 10 ans.

«Cette hausse est largement attribuable à l'expansion de la fonction publique et à l'augmentation des salaires et du nombre de congés de maladie payés», conclut le directeur.

Quant à cette différence entre les calculs du Conseil du Trésor et ceux du DPB, ce dernier explique que le Conseil n'a pas distingué entre les congés de maladie et ceux des employés en congé d'invalidité - avec ou sans solde.

Le nombre d'absences déclaré par le gouvernement est dans une certaine mesure gonflé par cette inclusion des congés d'invalidité, est-il écrit.

Le directeur prévient qu'il est difficile de comparer le nombre d'absences de maladie du secteur public avec le secteur privé, car il y a plus de femmes et les fonctionnaires sont en moyenne plus âgés et plus nombreux à être syndiqués.

Toutefois, il indique que le taux d'absentéisme dans le secteur public ne serait que de 1,1 jour supérieur à celui du secteur privé si on tient compte de ces trois facteurs, est-il écrit dans le rapport du DPB qui se base sur une étude de Statistique Canada.

Ces conclusions pourraient mettre des bâtons dans les roues du Président du Conseil du Trésor, Tony Clement, qui avait déjà indiqué son intention de sabrer dans les bénéfices et avantages sociaux des fonctionnaires, incluant les congés de maladie.

Cela fait partie des efforts de compression du gouvernement qui veut à tout prix atteindre l'équilibre budgétaire en 2015.

M. Clement ne s'est pas laissé démonter. Selon lui, le DPB est en fait d'accord avec ses chiffres.

Et il maintient qu'il faut comptabiliser les congés payés, ceux sans solde et ceux des congés de maladie à long terme. Car c'est ce total qui reflète le taux d'absentéisme réel, argumente-t-il.

«Ce qu'il faut retenir c'est que le coût aux contribuables augmente», a-t-il dit. «Et que le travail n'est pas fait».

Il qualifie toujours le taux d'absentéisme d'«inacceptable».

Pour l'Alliance de la fonction publique du Canada, le rapport du DPB démontre que le gouvernement n'a pas de crédibilité quand il parle des fonctionnaires. Le syndicat affirme que ses membres rapportent que de nombreux congés de maladie sont dus à la surcharge de travail, liée au stress et à l'épuisement professionnel.

Ce dernier commentaire a accroché un large sourire sur la bouche de M. Clement.

Il fait dire aux patrons des syndicats qu'ils devraient parler à leurs voisins qui travaillent dans le secteur privé. Et voir ce que le stress signifie vraiment.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a reproché au gouvernement ses «attaques sournoises» contre la fonction publique et sa «campagne de salissage».

«M. Clement a gonflé les chiffres de plus de 50 %, a dénoncé M. Dewar. Il n'a pas dit la vérité aux Canadiens».

Le rapport indique qu'il existe peu de disparités entre les secteurs public et privé en ce qui concerne les congés de maladie payés, ajoute M. Dewar.

Son collègue néo-démocrate, Mathieu Ravignat, croit que la méthode de calcul de M. Clement n'est pas adéquate. Il ne devrait pas inclure les congés de longue durée, car ces employés sont normalement remplacés, dit-il.

Le DPB a pour mandat de présenter au Parlement des analyses indépendantes de l'état des finances du pays et, à la demande de tout comité parlementaire ou de tout député, d'estimer le coût financier d'une mesure proposée par le gouvernement.