Le plus célèbre membre de la grande famille montréalaise Bronfman est décédé samedi.

Homme d'affaires et philanthrope, Edgar Bronfman père avait 84 ans. Le site internet de la fondation familiale précise qu'il est décédé «paisiblement dans sa maison de New York, entouré par ses proches».

M. Bronfman était le fils du patriarche de la famille, Samuel Bronfman. C'est ce dernier qui a véritablement lancé l'entreprise de distribution d'alcools Seagram, qui fit la fortune de toute la famille. Pendant une grande partie du 20e siècle, Seagram fut la plus importante compagnie de ce secteur sur la planète.

Né à Montréal et ancien étudiant de l'Université McGill, Edgar Bronfman père a lui-même dirigé Seagram entre 1971 et 1994. Il avait commencé sa carrière comme apprenti goûteur au sein de l'entreprise et avait dirigé sa branche américaine dès 1957.

«Sous sa direction, Seagram a fait augmenter l'importance de son offre de whiskys de première qualité et a fait une incursion dans les vins fins», indique-t-on sur le site de la fondation familiale.

Philanthrope du monde juif

Edgar Bronfman père est aussi passé à l'histoire comme l'un des plus grands porte-étendards de la cause juive durant la seconde moitié du siècle.

Il a dirigé le Congrès juif mondial (WJC) pendant presque 30 ans, de 1979 à 2007. «Il a transformé le WJC en leader de la communauté juive, rôle que l'organisation joue encore aujourd'hui. Il a aussi élargi sa base en attirant de nouvelles communautés des pays de l'Est et d'ailleurs, a dit son successeur, Ronald S. Lauder, par le biais d'un communiqué. Pendant plusieurs décennies, il a été le meneur incontesté de la diaspora juive.»

Aux États-Unis, M. Bronfman père est notamment connu pour avoir fait plier le gouvernement soviétique sur les droits accordés à la communauté juive russe. Pour son travail, il a reçu la Médaille présidentielle de la liberté, la plus haute distinction civile aux États-Unis, des mains de Bill Clinton.

Vers la fin de son mandat au WJC, il a mené la charge dans le dossier de la restitution des biens spoliés à la communauté juive allemande par le régime nazi d'Adolf Hitler.

Une famille montréalaise

La famille Bronfman est toujours bien ancrée à Montréal.

Phyllis Lambert - la soeur d'Edgar Bronfman père - vient d'annoncer son départ de la tête du Centre canadien d'architecture, mais demeure une philanthrope hyperactive. Charles Bronfman, frère du défunt et de Phyllis, consacre son temps à la philanthropie. Il a été propriétaire des Expos de Montréal pendant 30 ans.

Son fils, Stephen Bronfman, est à la tête de la société d'investissement Claridge, surtout présente dans le divertissement, dans l'alimentation et dans l'immobilier. C'est lui qui avait tenté de prendre le contrôle du Canadien de Montréal en 2009, mais avait été doublé à la ligne d'arrivée par les Molson, une autre grande famille montréalaise. 

Dimanche, le maire de Montréal Denis Coderre a salué la mémoire d'Edgar Bronfman père. «Un grand défenseur du droit des juifs nous a quitté, a-t-il écrit. La famille montréalaise est en deuil.»

Photo Pablo Martinez Monsivais, AP

Edgar Bronfman père en 5 dates

1929 : Naît à Montréal. Il est le troisième enfant de l'industriel Samuel Bronfman et de Saydie Rosner Bronfman, originaires de la Russie tsariste.

1971 : Succède à son père Samuel Bronfman à la tête du géant de la distillerie Seagram. Il lui fait prendre de l'expansion à l'international.

1979 : Prend la tête du Congrès juif mondial, le plus important porte-parole du monde juif. Il mènera l'organisation pendant presque 30 ans.

1994 : Passe les rênes de Seagram à son fils Edgar Bronfman junior. Ce dernier vend l'entreprise quelques années plus tard.

2013 : Meurt à New York, entouré par sa famille.