La réputation de Rob Ford en a encore pris pour son rhume lorsqu'un tribunal ontarien a ordonné la publication d'un nouveau dossier de preuve policière le concernant. Possible consommation d'héroïne, chasse à la vidéo et meurtre louche : le portrait du maire de Toronto continue de s'assombrir. Les transcriptions d'écoute électronique ont été analysées par le Toronto Star, à la source de toute l'affaire Ford.

Mort pour une vidéo ?

Un jeune trafiquant de drogue a été tué parce qu'il possédait la copie originale de la vidéo de Rob Ford consommant du crack, a affirmé à la police un ex-employé et fidèle allié du maire, selon les documents.

David Price est l'ex-« directeur logistique » de Rob Ford. Il a perdu son emploi à la fin de novembre, moment où la plupart des employés du cabinet du maire ont été transférés au maire adjoint. Pas lui.

« M. Price a admis que le téléphone cellulaire contenant l'enregistrement appartenait au mort [Anthony Smith] et qu'il s'agissait du motif ayant conduit à son assassinat », affirme un policier dans l'un des documents.

Jusqu'à aujourd'hui, la mort d'Anthony Smith était plutôt attribuée à un conflit entre gangs de rue rivaux.

La vidéo contre « 5000 $ et une auto »

Selon un autre des documents rendus publics vers 17 h, Rob Ford a tenté de racheter la fameuse vidéo le montrant fumer du crack.

Le maire de Toronto aurait offert « 5000 $ et une auto » en échange de l'enregistrement, ont rapporté les médias de la métropole ontarienne. Mais les détenteurs de la vidéo en demandaient 150 000 $. Son offre aurait donc été rejetée.

La vidéo aurait ensuite fait l'objet d'une offre de vente au Toronto Star et au site américain Gawker, considérés comme de meilleures options, dans le cadre de discussions interceptées par la police.

En mars dernier, les détenteurs de la vidéo évoquent une rencontre directe avec le maire dans un ultime effort de vente. Impossible toutefois de savoir si la rencontre a bien eu lieu.

Consommation importante

Les documents rendus publics contiennent aussi des transcriptions de discussions entre vendeurs de drogues. Ces discussions semblent trahir une importante consommation par le maire de Toronto.

Par exemple, des interlocuteurs prenant part à une discussion disent avoir des photos du maire Rob Ford consommant du « hezza ». Selon diverses interprétations, ce terme d'argot peut désigner l'héroïne.

« Le maire de la ville fume ses roches [de crack] aujourd'hui », peut-on lire dans une transcription d'une discussion entre de possibles membres de gangs de rue. « Rob Ford veut se procurer des drogues », indique une autre.

Chantage et menaces

Ces transcriptions d'écoutes électroniques illustrent aussi à quel point Rob Ford et son entourage pourraient être impliqués dans le monde interlope torontois.

Selon les documents, le maire s'est retrouvé à de nombreuses reprises avec des membres des Dixon Bloods, un gang de rue qui a plusieurs fusillades à son actif.

L'ex-chauffeur du maire et présumé trafiquant de drogue Sandro Lisi a été enregistré alors qu'il assurait à des interlocuteurs que Rob Ford hausserait considérablement la surveillance du quartier - nuisant ainsi aux activités criminelles - si lui-même n'obtenait pas gain de cause dans un débat.