En quittant Tourisme Montréal après une carrière de 24 ans, Charles Lapointe, un ancien ministre fédéral a obtenu plus de deux ans de salaire, 654 000 $ comme indemnité de départ, révèle le Vérificateur général du Québec dans son rapport déposé mercredi matin à l'Assemblée nationale.

> Le rapport complet du vérificateur général (PDF)

Organisme financé à 75 % par le gouvernement du Québec -à même une taxe spéciale sur les nuitées d'hôtel à Montréal, Tourisme Montréal avait même accordé un bureau et une secrétaire à son ancien président, pour une durée de trois ans. Après le constat du vérificateur, M. Lapointe a renoncé à obtenir des contrats de consultant auprès de son ancien organisme, laissé tomber aussi bureau et secrétaire et remboursé 36,000 $ à son indemnité de départ.

M. Lapointe a aussi remboursé 70,000 $ toujours sur son indemnité de départ, après que le Vérificateur ait constaté qu'on lui versait une allocation d'auto de 10,800 $ par année tout en lui fournissant une limousine et un chauffeur. M. Lapointe menait grand train quand il se déplaçait; un échantillon de dix voyages sous la loupe du vérificateur révèle que six fois sur dix il dépassait du double les limites normales pour les présidents d'organismes gouvernementaux. À deux reprises ses notes de frais étaient de quatre fois supérieures aux plafonds acceptés.

La gestion de Tourisme Montréal -les taxes municipales des Montréalais contribuent à 10 % du budget laisse aussi à désirer. Bien des dépenses sont remboursées sans  les informations nécessaires, en dix ans l'organisme a remboursé en double 10 000 $ de dépenses à M. Lapointe.

Tourisme Montréal a aussi financé pour 750 000 $ par année des événements culturels de la métropole des commandites «qui ne découlent pas d'un processus d'analyse établi», observe le vérificateur.

Photo archives La Presse

Charles Lapointe

CHUM

Le vérificateur Michel Samson brosse un tableau accablant de la gestion du Centre hospitalier universitaire de Montréal, où le conseil d'administration et l'Université de Montréal on contourné les règles pour accorder au directeur Chistian Paire le salaire qu'il réclamait.

La limite établie par Québec était de 350 000 $ par année. En dépit de la loi qui interdisait les primes de rendement aux gestionnaires, on a accordé 168 000 $ de primes en trois ans à M. Paire, un supplément versé chaque semaine, avant même que le conseil d'administration ait statué sur le rendement du PDG. Le conseil d'administration du CHUM a aussi permis que M. Paire obtienne un salaire supplémentaire de l'Université de Montréal en dépit des règles du Conseil du trésor. Entre 2009 et 2011, l'Université de Montréal a versé 80,000 $ par année au directeur, une prime stoppée en 2011. En revanche, le vérificateur indique ne pas avoir pu démontrer que 30,000 $ de la Fondation du CHUM avait été versé pour grossir indirectement le salaire de M. Paire, les témoins rencontrés «ont des opinions divergentes et l'information probante est rarissime», observe le vérificateur.

Le Vérificateur général observe aussi des hors-cadres et des cadres ont reçu des primes contraires aux lois et règlements. Les «hors cadres» les vice-présidents ont reçu 40,000 $, 20 % du salaire, de «montant forfaitaire non conforme» chaque année, observe le vérificateur.

On déplore aussi que depuis janvier 2010, la moitié des postes de cadres supérieurs aient été pourvus sans qu'il n'y ait d'affichage, 40 % d'entre eux n'ont jamais fait l'objet de concours. Pour les cadres intermédiaires cependant, le CHUM procède systématiquement aux affichages.

L'attribution des contrats est déficiente. Dans 43 dossiers contrôlés, on constate que les appels d'offres n'étaient pas conformes dans 65 % des cas. Dans 7 % des dossiers, les contrats ont été fractionnés pour passer en dessous des seuils de contrôle.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Le directeur général du CHUM, Christian Paire.