Le rabbin de la communauté juive ultra-orthodoxe Lev Tahor, Shlomo Helbrans, ne se livre pas facilement au monde extérieur. Encore moins aux journalistes. Toutefois, il a accepté de rencontrer le reporter israélien Shay Fogelman, du journal Haaretz. Il est l'un des rares à avoir brièvement vécu au sein de la communauté. La Presse vous propose un bilan du récit qu'il a fait de sa visite à Sainte-Agathe-des-Monts.

Qui est Shlomo Helbrans ?

Né de parents laïques à Jérusalem sous le nom d'Erez Shlomo Elbarnes en 1962, il est décrit comme un enfant studieux qui aime jouer au cowboy pendant ses vacances. À l'adolescence, il s'intéresse à la religion, même si ses parents désapprouvent son choix. Il finit par rejeter son nom et opte pour celui de Helbrans. Il devient le leader d'un mouvement religieux ultra-orthodoxe. À 17 ans, il se marie et partira vivre avec sa communauté de fidèles à Brooklyn, aux États-Unis. Il publie un livre, Le chemin du salut, qui est lu par tous ceux qui se joignent à lui. Dans les années 90, il est mêlé à une histoire d'enlèvement. Il a purgé une peine de deux ans dans un pénitencier américain pour avoir participé à un complot visant l'enlèvement d'un jeune enfant qui s'était enfui de chez sa mère.

Qui vit parmi les Lev Tahor ?

La communauté s'est créée dans les années 80. Elle est également divisée entre juifs orthodoxes, Israéliens convertis à la religion s'opposant à l'État d'Israël et, enfin, des personnes qui ont grandi au sein de la communauté. Aujourd'hui, on compte environ 50 familles parmi les Lev Tahor. Leur rabbin, Shlomo Helbrans, exerce une grande influence, raconte le journaliste Shay Fogelman. Il peut briser des couples, diviser des familles et empêcher des enfants de vivre chez leurs parents. Mais ses fidèles sont consentants, assure-t-il. Ceux qui le servent lui font toujours face et ne lui montrent jamais le dos.

Les femmes confinées à des tâches ménagères

Les femmes sont peu visibles au sein de la communauté. Le reporter du journal Haaretz raconte qu'elles semblent invisibles. Elles restent le plus souvent chez elles et vaquent à leurs tâches ménagères, racontent celles qui ont accepté de se confier à Shay Fogelman, cachées derrière un rideau. Les filles sont couvertes d'un long voile noir de la tête aux pieds dès l'âge de 3 ans. À l'école, elles n'étudient pas avec les garçons. Plusieurs mariages forcés entre enfants sont conclus chez les Lev Tahor, confirme le journaliste, ce qui est une pratique illégale au Canada.

Un mode de vie simple... ultra simple

Dans une maison de la communauté Lev Tahor, il n'y a ni téléviseur, ni radio, ni ordinateur, ni décoration. Les enfants n'ont pas de jouets, mais ils ont accès à des livres religieux écrits en yiddish, souvent la seule langue qu'ils parlent. Les familles reçoivent de la nourriture dans un panier déposé devant leur porte deux ou trois fois par semaine. Ainsi, ils n'ont pas à se rendre au centre-ville du village et évitent de croiser des inconnus. Si la frugalité est de mise, le journaliste de Haaretz raconte avoir été reçu avec beaucoup d'hospitalité. On lui a offert à manger tous les soirs. La principale source de revenu de ces familles est un chèque d'assurance sociale, grâce auquel ils font vivre leurs nombreux enfants.

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Ils ont dit

- Marie-Claude Malboeuf