Cela fait des années que les autorités canadiennes, en particulier la GRC, ont Greenpeace dans le collimateur.

Selon les services policiers et du renseignement, il faut «s'attendre tôt ou tard à une provocation» de ce mouvement environnementaliste contre les installations pétrolières maritimes canadiennes.

La Presse a obtenu, grâce à la Loi sur l'accès à l'information, plusieurs rapports rédigés par «l'Équipe des renseignements relatifs aux infrastructures essentielles» de la GRC qui se penche entre autres sur le cas de Greenpeace en des termes musclés.

Par exemple, dans un document non daté, mais rédigé il y a plus d'un an, il est écrit que «Greenpeace continue d'encourager le recours à des moyens illégaux pour lutter contre le développement de l'industrie pétrolière en Atlantique Nord».

Ce commentaire figure dans un texte consacré au lancement du bateau Rainbow Warrior III.

Le Rainbow Warrior I avait été coulé en 1985 par les services secrets français, ce qui a causé la mort d'un photographe.

Le nouveau navire amiral de l'organisation, de 58 mètres et bardé d'électronique donne des maux de tête aux policiers canadiens.

«Conçu pour résister aux tentatives d'abordage armées, ce navire va représenter un défi de taille», lit-on.

Pour la GRC, il est inéluctable que les «entreprises du secteur pétrolier maritime et les forces de l'ordre de la côte Est» soient la cible d'une «provocation» (sic) du Rainbow Warrior III. La GRC fait allusion à deux actions visant des plateformes danoises, semblables à celle menée en septembre contre une installation russe dans l'Arctique.

Une «chasse aux sorcières»

Patrick Bonin, de Greenpeace Canada a dénoncé ce qu'il qualifie de «propos démesurés» et de «chasse aux sorcières». «Il y a clairement un virage récent du gouvernement Harper de vouloir associer les organisations environnementales à du terrorisme».

Il fait le parallèle avec la Russie où ses militants ont été «accusés de piraterie puis d'hooliganisme».

«Une fois encore, il y a une complicité certaine entre le gouvernement canadien et les entreprises pétrolières dont les profits sont la vraie menace, constate Patrick Bonin. Nous n'avons jamais fait de sabotage. Dans Greenpeace, il y a le mot «paix». Le but de nos actions est de jeter la lumière sur des enjeux environnementaux majeurs. Le gouvernement devrait investir l'argent des contribuables dans la lutte contre les changements climatiques plutôt que pour espionner des organisations comme la nôtre.»

Jusqu'à présent, les actions de Greenpeace au Canada ont eu lieu sur terre et de manière pacifique. En 2009, une équipe avait déjoué la GRC en escaladant la tour de la Paix du parlement d'Ottawa et des militants s'étaient aussi enchaînés dans une usine de sables bitumineux en Alberta.

-Avec William Leclerc