La candidature de Claude Généreux à la présidence de la FTQ provoque un branle-bas de combat au sein du Syndicat canadien de la fonction pubique (SCFP). Des syndicats de cols blancs, cols bleus et de débardeurs, partisans de la «continuité» qu'incarne l'adversaire Daniel Boyer, dénoncent la manière dont s'est fait le choix de M. Généreux, a appris La Presse.

«On a l'impression de se faire enfirouaper d'une manière antidémocratique qui ne respecte pas nos règles syndicales au SCFP», a soutenu hier le président du Syndicat des employés de métier d'Hydro-Québec (SCFP-1500), Richard Perreault.

Selon ce dernier, les cols bleus et cols blancs de Montréal, ceux des municipalités de la Rive-Sud et de la Ville de Laval, ainsi que l'ensemble des syndicats de débardeurs s'unissent pour condamner la nomination de Claude Généreux par le bureau de direction du SCFP-Québec. À eux tous, ils représentent quelque 30 000 travailleurs syndiqués, sur les 110 000 que compte le SCFP.

Les sections locales qui appuient Daniel Boyer estiment qu'il aurait fallu convoquer une assemblée extraordinaire du conseil général pour entériner la nomination de M. Généreux. Il a été impossible de joindre le SCFP afin de recueillir le point de vue des porte-parole.

«Coup de force »

Cette faction du SCFP qui appuie la candidature de M. Boyer doit publier aujourd'hui un communiqué que La Presse a obtenu. Les syndicats y dénoncent ce qu'ils qualifient de «véritable coup de force». «Il y a urgence de condamner ce que nous considérons comme une prise d'otage du SCFP-Québec par une minorité qui cherche à servir ses propres ambitions», peut-on y lire.

En entretien téléphonique, Richard Perreault a assimilé le vote du bureau de direction du SCFP à une «manigance». Il a par ailleurs nié que la dénonciation du non-respect des règles démocratiques soit elle-même une manoeuvre pour promouvoir la candidature de M. Boyer. «C'est pas des technicalités, c'est notre démocratie syndicale», a-t-il lancé.

M. Perreault ne voit aucun inconvénient à ce que Daniel Boyer, qui occupe actuellement les fonctions de secrétaire général de la FTQ, constitue le candidat de la «continuité»; c'est ainsi que l'a présenté Michel Arsenault lorsqu'il a annoncé son départ de la présidence au début du mois.

Selon M. Perreault, les règles de gouvernance ont été resserrées au sein de la FTQ ainsi qu'à la FTQ-Construction, en 2008. Les extraits d'écoute électronique diffusés à la commission Charbonneau au cours des dernières semaines tendent à démontrer que Michel Arsenault savait en 2009 que le crime organisé était proche de la FTQ-Construction et qu'il n'est pas intervenu.

«Avec tout ce que je vois et ce que je sais, le ménage a été fait. À la tête de la FTQ-Construction, avec Arnold Guérin et Yves Ouellet, ça s'est amélioré à 100%», a affirmé M. Perreault.

Ce dernier ignorait toutefois que M. Ouellet siégeait au comité exécutif de la FTQ-Construction qui a approuvé les notes de frais exorbitantes de Jocelyn Dupuis, l'ancien directeur général. M. Dupuis est accusé de fraude en raison de ces notes de frais.

Le remplaçant de Michel Arsenault sera choisi la semaine prochaine lors du congrès de la FTQ qui se déroule à Québec.