Un passage houleux à la présidence Les six années de Michel Arsenault à la tête de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) n'ont pas été de tout repos. Depuis sa réélection, en 2009, il s'est souvent retrouvé sur la sellette, devant répondre à des questions concernant ses relations avec l'entrepreneur Tony Accurso ou l'infiltration de la centrale syndicale par le crime organisé. Retour sur une présidence houleuse.

Automne 2013

La saga des écoutes téléphoniques

La commission Charbonneau veut obtenir l'enregistrement des écoutes téléphoniques effectuées par la Sûreté du Québec sur Michel Arsenault. Ce dernier s'y oppose. Il intente des poursuites judiciaires pour empêcher la diffusion du matériel, mais en vain. Le 18 octobre dernier, la Cour d'appel rejette la requête. Depuis, certains enregistrements ont été diffusés. On y apprend que M. Arsenault savait que la FTQ-Construction était infiltrée par le crime organisé, mais qu'il n'est pas intervenu.

Automne 2011

Longue bataille pour le placement syndical

Le président de la FTQ, Michel Arsenault, croise le fer avec la ministre libérale du Travail à Québec, Lise Thériault, qui veut mettre fin au placement syndical. Des vagues de débrayages contre l'élimination du placement syndical paralysent plusieurs chantiers du Québec. «Il y a un projet de loi qui est très injuste envers les travailleurs de la construction et leur syndicat», déclare-t-il. Le projet de loi 33 est finalement adopté à l'unanimité à l'Assemblée nationale et met fin au régime qui permet aux syndicats de placer leurs membres dans les chantiers.

Automne 2009

Une commission d'enquête non désirée

Le Québec a-t-il besoin d'une commission d'enquête sur la collusion dans le monde de la construction? Certainement pas, affirme le président de la FTQ, Michel Arsenault. Il soutient que ces commissions ne sont que «des grosses ballounes inutiles». «Il y a des gens qui disent que cela pourrait nuire à l'enquête policière... Une commission d'enquête, ça amène de l'eau au moulin des journalistes. On a réglé quoi avec la commission sur Brian Mulroney? Avec Bouchard-Taylor? Avec Chandler? On a des grosses ballounes, mais à la fin, on a réglé quoi? On ne veut pas d'enquête, à la FTQ. On veut que la police fasse son travail», déclare-t-il.

Été 2008

L'épisode Carboneutre

À l'été 2008, des émissaires de la firme Carboneutre, dont le propriétaire est Domenic Arcuri - que la police considère comme un proche du clan Rizutto - , rencontrent le président de la FTQ, Michel Arsenault. Ils veulent que leur entreprise de décontamination située dans l'est de Montréal reçoive 5 millions de dollars en financement du Fonds de solidarité FTQ. Selon des enregistrements transmis à la police, un des émissaires aurait alors déposé sur la table une mallette contenant 300 000$. M. Arsenault aurait alors immédiatement mis fin à la rencontre. Toutefois, le président de la FTQ a toujours nié cette tentative de corruption.

Automne 2008

Arsenault sur le yacht d'Accurso

Le président de la FTQ, Michel Arsenault, se rend aux îles Vierges avec d'autres dirigeants à bord du luxueux yacht de l'entrepreneur Tony Accurso. Ce dernier bénéficie de plusieurs investissements du Fonds de solidarité FTQ, et certains allèguent à l'émission Enquête à Radio-Canada que ses entreprises seraient traitées en priorité. Michel Arsenault et Tony Accurso sont des amis depuis plus de 20 ans, admet le président de la FTQ en mars 2009. Mais il nie catégoriquement que le Fonds a favorisé ses entreprises. «Ce sont de fausses informations, des mensonges éhontés. Nous sommes accusés par des gens qui n'ont pas de couilles, cachés en arrière du rideau», déclare-t-il.

Entendu à la commission Charbonneau...

Le 7 octobre, le syndicaliste Ken Pereira a témoigné que Michel Arsenault lui avait raconté avoir été la cible d'une tentative de corruption. Lors d'une rencontre, le président de la FTQ lui aurait dit: «Écoute, le mois passé Jocelyn [Dupuis] est rentré ici avec un Italien, il a «crissé» 300 000$ sur la table pour faire passer ce dossier-là.»

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Deux enquêteurs ont fait entendre une série de conversations embarrassantes pour Michel Arsenault

Dans une conversation datée du 22 mars 2009 Michel Arsenault s'entretient avec son conseiller politique Gilles Audette:

«J'ai dit à Richard [Goyette]: "Entre moi et toi, pourquoi tu rencontres [Raynald] Desjardins? "Il dit: "Ça me prenait une police d'assurance. " Une police d'assurance pour quoi? "Je pouvais pas me présenter contre [Jean] Lavallée sans l'accord, sans être sûr que Desjardins ne me ferait pas de marde. "J'ai dit: «Comme ça, t'es redevable à Desjardins, esti. »

[...]

«On va repousser ça sur eux autres. Si on a un affilié qui est tout croche, pourquoi je prendrais ça sur mes épaules?»

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Dans une conversation datée du 20 mai 2008, Michel Arsenault explique à Jocelyn Dupuis que les temps sont difficiles au Fonds de solidarité FTQ et qu'il ne peut pas faire un don important à la fondation Garnier Kids, de l'entrepreneur Joe Borsellino:

«Quand on aura des bonnes années, on se paiera la traite.»

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Dans une conversation interceptée le 16 février 2009, Ken Pereira informe Michel Arsenault qu'il compte lui remettre une carte professionnelle au nom de Raynald Desjardins, démontrant l'implication du caïd dans Carboneutre. Le président de la FTQ lui demande d'être discret:

«Mets ça dans une enveloppe. Je veux pas que personne voit ça.»