La Russie se bute à refuser toute clémence envers les manifestants de Greenpeace détenus depuis 30 jours après l'abordage de leur navire, le Arctic Sunrise, dans les eaux internationales du nord près d'une  plateforme pétrolière de Gazprom. Vendredi, le Québécois Alexandre Paul s'est vu à son tour refuser une demande de libération sous caution.

Comme pour les 17 autres demandes de remise en liberté sous caution soumises avant la sienne, le tribunal régional de Mourmansk s'est opposé vendredi à la libération de l'activiste montréalais.

Douze autres risquent de subir sensiblement le même sort d'ici la fin de la semaine prochaine.

Greenpeace a capté sur bande vidéo la comparution de son militant. On y voit la salle d'audience dénudée et le décor minimaliste. Le prisonnier québécois manipule nerveusement sa tuque dans ses mains, entouré de barreaux de fer du plancher au plafond. Le box des accusés ressemble à une cage d'acier. À l'extérieur, près de lui, est assise une traductrice qui lui souffle en anglais un résumé des propos, alors que les procédures se déroulent en langue russe.

Alexandre Paul décline son nom et son pays d'origine. La vidéo se termine lorsque le magistrat de la cour de Murmansk, sans même lever les yeux en direction de l'accusé, quitte la salle d'une attitude machinale.

Aussi froides et austères que peuvent l'être ces images, il s'agit du seul contact un peu tangible pour les parents d'Alexandre Paul. Depuis l'arraisonnement du navire, tout ce qu'ils ont pu obtenir à ce jour se résume à un bref courriel.

«C'est la première fois qu'ils voient Alexandre et c'est une forme de soulagement pour eux. Mais d'un point de vue humain c'est inacceptable que les parents n'aient pas encore reçu un coup de téléphone», s'est indigné Patrick Bonin, responsable campagne climat-énergie pour Greenpeace.

Ces images et celles des comparutions d'autres activistes, ont été placées sur le site internet de l'organisation. La scène se répète à de nombreuses reprises, dans le même décor.

Les personnes mises à l'arrêt pour avoir manifesté contre les forages en Arctique qui ont tenté de retrouver leur liberté ont repris, chaque fois, le chemin des cellules, dans des conditions de détention variables. Certains doivent conjuguer avec des rats qui passent dans leurs cellules, certains sont isolés complètement des autres détenus et pour d'autres il est impossible de voir le soleil de la journée.

Et ces personnes font toujours face à des accusations de piraterie, a rappelé le directeur général de Greenpeace International, Kumi Naidoo.

«Tout ce que ces gens ont fait c'est défendre l'environnement fragile de l'Arctique et la réalité d'un climat en pleine crise des changements climatiques. C'est à nous d'exiger la libération de ces gens- là qui sont loin d'être des criminels», a ajouté Patrick Bonin.

S'ils sont reconnus coupables, les 28 activistes de Greenpeace, un photographe pigiste et un vidéo journaliste pigiste, risquent une peine maximale de 15 ans de prison.

Le tribunal régional de Mourmansk a ordonné qu'ils demeurent détenus au moins jusqu'au 24 novembre.

Greenpeace maintient que ses militants ont agi pacifiquement et voit dans cette détention une attaque frontale au droit de manifester.

Vendredi, des manifestants de Greenpeace se sont réunis sur la Place des Arts de Montréal. Ils avaient dressé des barreaux et deux de leurs représentants s'y sont tenus dans un geste de solidarité avec les détenus de Mourmansk.

D'autres événements similaires se sont tenus devant le consulat de la Russie à Toronto ainsi qu'à bord du Rainbow Warrior III qui en ce moment navigue de Vancouver à Victoria.