L'auteure Fabienne Larouche se dit en faveur d'une charte de la laïcité qui affirme la séparation indéfectible de l'État et du religieux, mais fait aussi appel à l'ouverture d'esprit des Québécois.

Dans une lettre publiée dans Le Devoir, Mme Larouche se dit «contre tout ce qui nie la notion d'égalité des hommes et des femmes, peu importe l'église qui en fait la promotion». 

«Je suis opposée à la présence de tout signe religieux dans les conseils exécutifs ou les chambres législatives, de même contre toute pratique religieuse pendant l'exercice politique, au fédéral, au provincial, au municipal ou dans l'espace scolaire», affirme-t-elle.

L'auteure estime que la pratique religieuse doit se faire dans un cadre privé, ou dans un lieu de culte, et que les rites «n'aillent pas à l'encontre du principe de liberté et d'égalité pour les femmes».

Fabienne Larouche ajoute aussi que les Québécois doivent comprendre le parcours des immigrants de pays où le religieux a souvent permis leur survie. «Ces femmes qui arrivent ici voilées, en tout ou en partie, doivent souvent la vie à ces pratiques religieuses. On leur a inculqué qu'elles ne sont plus rien sans ces artifices. Grâce à leurs fétiches, elles ont survécu dans des environnements hostiles, violents. Elles ont ainsi hérité d'une identité fondamentale qui les définit et les sécurise. Leur demander, sans autre forme d'assistance, de renoncer à ces signes religieux équivaudrait à transplanter une femme du XVIIe siècle à notre époque, l'instant d'un voyage en avion. On peut facilement imaginer l'angoisse...»

Elle dénonce au passage «le comportement ouvertement démagogique» de certains politiciens qui, selon elle, alimentent leur électorat à grands coups de déclarations intempestives dans ce débat. 

Elle conclut en insistant sur le fait que la société québécoise doit être patiente et ouverte envers ces femmes immigrantes. «Donnons-leur du temps pour changer, s'adapter et permettre à leurs filles de s'émanciper comme les nôtres, mais sans oublier que cette émancipation est inévitable et que nous resterons inflexibles sur cet objectif.»