Des organismes se trouvant dans l'une des cinq circonscriptions conservatrices du Québec se sont vu octroyer près du quart des subventions d'un fonds fédéral destiné à financer des projets communautaires dans la province, a appris La Presse.

L'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec (DEC), chargée d'administrer l'enveloppe, a été particulièrement généreuse avec la circonscription du ministre Denis Lebel (qui est aussi le nouveau lieutenant politique de Stephen Harper au Québec). Des organismes de Roberval-Lac-Saint-Jean ont ainsi hérité de 10% des sommes approuvées pour l'ensemble de la province. Avec plus de 3 millions de dollars, elle se classe au premier rang des 75 circonscriptions québécoises et attire près des trois quarts des 4 millions mis de côté pour les trois circonscriptions de la région.

Le Fonds d'amélioration de l'infrastructure communautaire (FAIC) a été créé dans le budget fédéral de 2012. L'enveloppe pour le Québec est de 31 millions de dollars (150 millions pour l'ensemble du Canada). Ce fonds vise à aider des organismes - comme des municipalités, des centres communautaires ou des stations de plein air - à financer l'amélioration d'infrastructures existantes par l'entremise de dons non remboursables.

La Presse a obtenu une liste des quelque 300 projets approuvés par DEC, qui totalisent environ 31 millions. Notre analyse indique que quatre des cinq circonscriptions conservatrices du Québec figurent dans le palmarès des 10 circonscriptions les plus choyées par les subventions du FAIC.

Du «gros paternalisme»

L'opposition officielle a dénoncé la situation. «On parle de distribution et de redistribution des deniers publics», a noté le député néo-démocrate de Trois-Rivières, Robert Aubin. «Ça n'a aucun bon sens.»

«Il n'y a nulle part où on peut faire une analyse objective de la situation et voir si, vraiment, on fait le mieux avec les sommes disponibles, a-t-il ajouté. Tout ce que ça laisse transparaître, c'est encore une fois du gros paternalisme et des gros sabots.»

La disproportion a aussi alimenté les rumeurs dans le milieu communautaire. Le représentant d'un organisme de Montréal, qui a requis l'anonymat, dit avoir renoncé à présenter une demande de financement «notamment en raison du fait que la majorité des subventions accordées semblaient l'avoir été dans des comtés conservateurs».

Mais le bureau du ministre Lebel a affirmé que les choix n'avaient pas été faits sur une base politique. «La priorisation des projets n'a pas été faite en fonction de comtés, de régions ou de critères géographiques, mais bien en fonction de catégories de projets (centres communautaires, attraits touristiques, etc.)», a affirmé sa directrice des communications, Michèle-Jamali Paquette.