Les Canadiens doivent débattre de la nécessité de légaliser ou non le suicide assisté, et ce, même si le gouvernement fédéral ne semble pas particulièrement prompt à relancer une telle discussion, a soutenu jeudi la première ministre de l'Ontario, Kathleen Wynne.

Le sujet a refait surface en Ontario après la diffusion de la vidéo du vibrant plaidoyer en faveur de la légalisation des soins de fin de vie livré par un éminent médecin, quelques jours avant sa mort. Le docteur Donald Low, qui a notamment joué un important rôle dans la gestion de la crise du SRAS à Toronto en 2003, est mort la semaine dernière des suites d'une tumeur au cerveau, à l'âge de 68 ans.

Le gouvernement québécois a lancé, le 17 septembre, les audiences publiques sur son projet de loi visant à légaliser l'aide médicale à mourir, dans lequel il détaille les conditions nécessaires pour avoir droit à une telle assistance. Le gouvernement fédéral a indiqué qu'il étudierait le projet de loi, le premier du genre présenté au pays.

Mme Wynne a reconnu ne pas avoir vu la vidéo du docteur Low, mais a souligné que le médecin avait abordé une question délicate, une sorte de «discussion nationale à laquelle tous les citoyens du pays devraient songer».

Mercredi, le ministre fédéral de la Justice, Peter MacKay, a toutefois indiqué que son gouvernement n'avait aucunement l'intention de soumettre un projet de loi pour relancer ce débat. Il a affirmé que si le sujet touchait de nombreux Canadiens, cela restait une affaire «très personnelle et émotive».

Mme Wynne a répliqué que si le gouvernement fédéral pouvait bien décider de ne pas tenir de débat à ce sujet, les êtres humains auraient tout de même cette discussion entre eux. Le docteur Low a mis la table pour une discussion nationale, a-t-elle dit.

Elle a souligné que son opinion personnelle sur la légalisation du suicide assisté n'était pas encore arrêtée, et que c'était probablement le cas de la plupart des Canadiens.

«Pour moi, personnellement, c'est un débat que j'ai avec moi-même sur les questions du choix, de la sécurité et de la façon dont nous accordons, ou pas, plus de pouvoir à la communauté médicale, et ce sera une discussion éthique et humaine très stimulante qui devra avoir lieu à l'échelle du pays», a soutenu Mme Wynne.

«Je pense que ma propre opinion mitigée sur cette question reflète probablement l'opinion publique», a-t-elle poursuivi.

Les Canadiens issus de la génération du baby-boom demandent de plus en plus un meilleur contrôle des problématiques liées aux soins de fin de vie, et le pays a besoin de se lancer dans le débat et déterminer si la loi interdisant le suicide assisté doit être changée ou non, a ajouté Mme Wynne.

«Je suis moi-même née pendant le baby-boom et je sais que cette génération a toujours voulu plus de contrôle. Je pense que c'est pour cela que la discussion sera aussi difficile et conflictuelle, mais ce sera certainement une discussion à laquelle tous porteront attention au pays», a-t-elle estimé.