À l'ère de la mondialisation, les pays francophones, notamment ceux d'Afrique, ont tout intérêt à s'inspirer du Québec afin de protéger leur langue ainsi que leur culture.

C'est le message qu'a livré le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, jeudi, à l'occasion de sa dernière visite officielle à Montréal avant que ne se termine son mandat au sein de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Devant une centaine de personnes réunies au Conseil des relations internationales de Montréal, M. Diouf a souligné les efforts du Québec afin de soutenir ses artistes ainsi que son industrie culturelle.

«Depuis déjà plusieurs décennies, le Québec a su concilier culture et économie. Vous proposez à toute la Francophonie un modèle d'affirmation du droit de soutenir sa culture», a dit celui qui a déjà été le président du Sénégal.

«Vous avez un modèle ambitieux de soutien des artisans et d'appui aux industries qui exportent fièrement votre culture dans le monde. Quand il est question de protection et de promotion de notre langue commune, la Francophonie a naturellement les yeux tournés vers vous.»

M. Diouf a souligné que c'est au Québec que de grandes questions concernant l'avenir de la langue française ont été abordées.

«C'est au sommet (de la Francophonie) de 2008 que, pour la première fois dans l'histoire de l'événement, il y avait un point concernant la langue française à l'ordre du jour.»

À son grand désarroi, M. Diouf a dit observer une certaine marchandisation de la culture, notamment lors de la négociation d'accords de libre-échange, comme c'est présentement le cas entre les États-Unis et l'Union européenne.

«La culture n'est pas une marchandise, c'est un bien, qu'il faut promouvoir», a-t-il dit.

Le secrétaire général de la Francophonie estime que ces négociations menacent la Convention de l'UNESCO sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, entrée en vigueur en mars 2007.

Il craint que la culture de certains pays soit de moins en moins protégée pour des motifs économiques.

M. Diouf, qui prévoit que 85% de la population francophone se trouvera en Afrique en 2050, a lancé un appel à la vigilance dans les pays francophones.

«Je n'ai pas besoin de vous convaincre que les accords commerciaux viennent miner (la Convention de l'UNESCO) négociée et librement adoptée», a souligné le secrétaire général de la Francophonie.

Il a rappelé que 66 des 77 États membres de l'OIF avaient ratifié le document.

Au cours de son discours, M. Diouf a également brièvement abordé les thèmes des crises dans certains pays membres de la Francophonie, dont l'Égypte, le Mali et la Tunisie, ainsi que le rôle de la Francophonie dans la diplomatie internationale.

Plusieurs dignitaires, dont les ex-premiers ministres québécois Pierre Marc Johnson, Jacques Parizeau ainsi que Bernard Landry, étaient présents dans la salle pour l'allocution du secrétaire général de la Francophonie.