L'épouse du conducteur de l'autobus entré en collision avec un train à Ottawa mercredi décrit son mari comme un « conducteur très prudent », un homme heureux et en bonne santé qui adorait son métier.

Dévastée, Terry Woodard a sangloté pendant la demi-douzaine de minutes de l'entrevue qu'elle a accordée jeudi matin à une station de radio d'Ottawa. Son mari est la seule des six personnes décédées dont l'identité a été dévoilée, avec l'accord de sa famille. 

De plus en plus de détails concernant la vie de David Woodard font surface depuis le drame. L'homme de 45 ans avait une fille de 19 ans et deux beaux-fils, dont au moins un a lui-même un enfant. Ses collègues, voisins et sa femme l'ont tous décrit comme un homme souriant, heureux, généreux et agréable. 

« Il était mon prince, a dit sa femme Terry, sa voix étranglée par l'émotion. Le meilleur père, beau-père, grand-père, il met toujours un sourire sur mon visage après 25 ans. »

La veille de l'accident, il l'avait surprise pour son 50e anniversaire avec des fleurs et des ballons, a-t-elle relaté. Le couple qui était ensemble depuis 25 ans s'était marié récemment. 

La nuit dernière, sur leur page Facebook où des dizaines de messages de soutien ont été écrits depuis le drame, on peut lire : « Aujourd'hui j'ai perdu mon MARI l'amour de ma VIE mon meilleur ami le père de ma fille et un excellent beau-père pour les garçons... Je ne sais pas quoi dire... Je veux tellement qu'il revienne... [...] La vie n'est pas la même sans toi ici. » 

En entrevue, Mme Woodard a raconté avoir immédiatement contacté son conjoint lorsqu'elle a entendu la nouvelle de la collision, survenue peu avant neuf heures au sud-ouest de la ville d'Ottawa. « Je lui ai laissé le message de me rappeler et il ne l'a jamais fait », a-t-elle dit. 

Le portrait qu'elle et des proches ont dressé de son mari est celui d'un homme heureux au travail et dans la vie en général.

« Il se réveillait le matin et je l'embrassais pour la journée... Il adorait ce qu'il faisait », a-t-elle dit. 

« Il revenait avec des histoires extraordinaires... Comment les gens réagissaient ou souriaient [...] ou quelqu'un qui lui avait donné des biscuits ou une carte de remerciement. » 

Comme plusieurs autres, la femme du conducteur n'arrive pas à s'expliquer comment son mari a pu foncer tout droit vers un train en marche, sans freiner ou en appliquant les freins trop tard. 

« Quelque chose a dû mal tourner, a-t-elle martelé. Parce qu'il est un conducteur extraordinaire. Il est le genre de personne qui ne fera pas de choses stupides. Il est un conducteur très prudent. Il ne mettrait jamais la vie de gens en danger. »

Elle a expliqué qu'il était en très bonne santé : « Il allait toujours au lit à 22h, 23h, parfois à 21h. Il luttait contre un rhume, et c'est tout... » 

« S'il a défoncé la barrière, c'est soit que quelque chose n'allait pas avec les freins, il n'a pas pu arrêter, ou l'autobus était trop lourd... Je ne veux rien présumer. Mais quelque chose a dû mal tourner », a-t-elle répété. 

« Il n'y a aucune chance qu'il ait défoncé la barrière sans aucune raison. Peut-être n'a-t-il pas vu le train, ou les lumières... Peut-être que les barricades n'ont pas été abaissées à temps... »

Chez les collègues du défunt, c'est aussi la consternation et l'incompréhension, tandis que l'enquête du Bureau de la sécurité des transports se poursuit. Sur la page Facebook de la société des transports en commun d'Ottawa, OC Transpo, les messages de sympathies abondent. « J'ai non seulement perdu un collègue », mais j'ai perdu un bon ami aussi », a écrit Jason Cote.