L'accident tragique survenu mercredi à Ottawa remet en lumière un des plus sérieux problèmes du réseau ferroviaire au Canada: la sécurité des passages à niveau publics, où se croisent les routes et les voies ferrées.

L'an dernier seulement, 29 personnes ont perdu la vie lors d'accidents survenus à des passages à niveau au Canada. À l'exception de l'année 2005, où 37 personnes avaient péri dans de tels accidents, le bilan de 2012 était le plus élevé en 10 ans. Les données partielles de 2013 ne sont pas encourageantes. En juillet dernier - et donc, avant la tragédie d'hier -, 20 décès avaient déjà été recensés au Canada lors d'accidents survenus à des passages à niveau.

Depuis le début de 2013, c'est aussi la deuxième fois qu'un train de VIA Rail est impliqué dans une collision mortelle avec un véhicule à un passage à niveau. En janvier dernier, deux personnes ont été tuées à Joliette lorsque le train a fauché leur voiture au passage à niveau du rang de la Deuxième-Chaloupe.

Comme c'est le cas dans plus de la moitié des accidents recensés par le BST, depuis 10 ans, ce passage à niveau était équipé de feux clignotants et d'un signal d'avertissement sonore. 

L'enquête du BST, dans cette collision mortelle, est toujours en cours.

Vieux problème

Le problème n'est pas nouveau. En 2001, à la suite d'un accident rocambolesque qui aurait pu avoir des conséquences tragiques, le BST avait recommandé à Transports Canada de moderniser le règlement fédéral sur les passages à niveau, pour réduire les risques à la sécurité du public et à la circulation ferroviaire.

Déjà, à cette époque, le BST se disait «préoccupé par le temps qu'il faut consacrer au remplacement d'un règlement qui a une portée minimale et qui est essentiellement désuet». En 2001, Transports Canada travaillait à la refonte de son règlement «depuis 10 à 13 ans».

Avant même la publication de ce rapport, Transports Canada avait déjà avisé le BST que la promulgation du nouveau règlement serait accélérée.

Après neuf ans de patience, en 2010, le BST a décidé de placer les enjeux de sécurité des passages à niveau sur sa «liste de surveillance». Cette liste «énumère les problèmes de sécurité qui posent les plus grands risques aux Canadiens et Canadiennes» et pour lesquels «les mesures prises à ce jour ne sont pas suffisantes».

Un nouveau projet de règlement doit être publié incessamment par Ottawa dans la Gazette officielle du Canada.

Propriétaires plus responsables

Ce nouveau règlement de Transports Canada a pour objectif d'«améliorer la sécurité aux passages à niveau et à réduire le nombre de collisions, de décès et de blessés, ainsi que les dommages matériels». Il prévoit plusieurs nouvelles normes d'aménagement et déterminera, entre autres, les mesures à mettre en place à chaque passage à niveau en vertu de l'emplacement de l'intersection et du nombre de trains, de piétons ou de véhicules qui s'y engagent chaque jour.

Le règlement devrait ainsi déterminer quels passages à niveau devront être munis d'équipements automatiques de sécurité. Sa mise en place, assure Transports Canada, devrait être progressive et «proactive». Mais l'approche choisie est «axée sur la responsabilisation des propriétaires de passages à niveau».

L'industrie ferroviaire n'accueille pas très bien ces nouvelles normes, dont la mise en vigueur pourrait lui coûter des centaines de millions.