Un hôpital de l'Ontario se sert des restrictions sur les signes religieux envisagées dans la Charte des valeurs québécoises pour faire du recrutement d'infirmières et de médecins.

Une publicité en ce sens du centre hospitalier Lakeridge Health, situé à Oshawa, se retrouve dans le journal étudiant de l'université montréalaise McGill. L'annonce montre une professionnelle de la santé portant le hijab avec un message en anglais qu'on pourrait traduire par: «On ne se soucie pas de ce qui recouvre votre tête, mais de ce qui est dans votre tête».

Cette publicité est également diffusée sur les réseaux sociaux.

Selon une porte-parole de l'hôpital, l'institution veut clairement laisser savoir aux professionnels de la santé québécois qu'ils sont les bienvenus dans l'hôpital, situé à une soixantaine de kilomètres de Toronto.

Le centre hospitalier Lakeridge Health compte près de 230 postes vacants, principalement dans les soins infirmiers, et embauche de 20 à 60 personnes par mois.

L'un des plus anciens députés ontariens a déposé cette semaine une motion symbolique qui appelle l'Assemblée législative de l'Ontario à s'opposer à tout projet de loi restreignant ou interdisant la liberté d'expression et de religion sur la place publique.

Monte Kwinter, qui est juif, a affirmé que la province la plus populeuse du Canada devait montrer au monde entier qu'elle n'envisagera jamais une législation comme celle du Québec.

Il a rappelé qu'il y avait eu un mouvement massif de la communauté juive québécoise vers l'Ontario il y a trente ans alors que le Parti québécois était au pouvoir, en raison du mouvement indépendantiste et de la loi 101.

La première ministre de l'Ontario, Kathleen Wynne, a pour sa part déclaré qu'il fallait préserver le caractère inclusif de la société canadienne et a indiqué qu'elle s'opposerait à toute menace contre l'inclusion.

La charte des valeurs québécoises proposée par le gouvernement Marois compte interdire le port des symboles religieux ostentatoires par les employés de l'État, qu'ils soient dans la fonction publique, dans les hôpitaux, dans les écoles ou dans le domaine judiciaire. Les vêtements religieux tels que le hijab, la kippa et le turban seraient interdits sur les lieux de travail afin d'assurer la neutralité de l'État.

Des sondages ont démontré qu'une majorité de Québécois sont favorables à une telle législation, mais le projet soulève un vif débat au Québec et ailleurs au Canada.