Impatient de voir les autorités américaines donner le feu vert au projet de construction de l'oléoduc Keystone, le premier ministre Stephen Harper a récemment offert au président Barack Obama d'adopter un plan conjoint de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur pétrolier et du gaz naturel.

M. Harper a fait cette proposition dans une lettre qu'il a envoyée au président américain en août, a rapporté hier le réseau anglais CBC, citant des sources anonymes.

Selon le réseau anglais, M. Harper serait prêt à imposer à l'industrie pétrolière au Canada les normes en matière de lutte contre les changements climatiques que souhaiteraient fixer les États-Unis, dans l'espoir d'obtenir l'approbation du projet de pipeline proposé par la société TransCanada Corp.

L'administration Obama tarde à approuver ce projet, évalué à 7 milliards de dollars, qui permettrait d'acheminer chaque semaine des millions de barils de pétrole issus des sables bitumineux de l'Alberta jusqu'aux raffineries de l'État du Texas.

Au cours des derniers mois, le président américain a clairement fait savoir qu'il autorisera ce projet - auquel s'opposent farouchement les groupes écologistes du Canada et des États-Unis - à condition qu'il ne contribue pas à augmenter les émissions de gaz à effet de serre. Il a aussi mis en doute les retombées économiques potentielles d'un tel projet, malgré l'intense campagne de lobbying de plusieurs ministres du gouvernement Harper et des dirigeants de TransCanada Corp.

Il a été impossible hier de confirmer l'existence de cette lettre par le bureau du premier ministre ni par celui du ministre des Ressources naturelles Joe Oliver. Selon le groupe Energy Wire, la Maison-Blanche a été incapable de confirmer la réception de la lettre de M. Harper.

«Aucune crédibilité»

Mais cela n'a pas empêché plusieurs groupes écologistes de réagir des deux côtés de la frontière. À l'unisson, ils ont soutenu que le gouvernement Harper n'a «aucune crédibilité" en matière de lutte contre les changements climatiques.

Le groupe Équiterre a affirmé que le Canada va vraisemblablement rater la cible qu'il s'était fixée à Copenhague en 2009, en grande partie à cause de l'augmentation des émissions de GES des sables bitumineux. Il a souligné que l'objectif des projets de pipelines comme celui de Keystone XL vise à doubler, voire tripler la production de pétrole issu des sables bitumineux.

«Depuis 2006, les conservateurs de Stephen Harper nous promettent un plan d'action pour lutter contre les changements climatiques, notamment dans le secteur du pétrole. Or, après sept années d'inaction et de nombreuses promesses brisées, M. Harper voudrait qu'on lui donne le bénéfice du doute en appuyant le projet Keystone XL, c'est pathétique», a déclaré Steven Guilbeault, directeur principal chez Équiterre.

- Avec Charles Côté