Les policiers ne devraient pas se retrouver en première ligne en matière de santé mentale, et les gouvernements devraient offrir un meilleur soutien aux organismes d'aide, a soutenu mercredi le président de l'Association canadienne des chefs de police (ACCP).

Le manque de financement dans les soins de santé a par ailleurs envoyé dans la rue de nombreuses personnes souffrant de maladie mentale, a indiqué Jim Chu, au dernier jour de l'assemblée annuelle de l'organisation, à Winnipeg.

Selon M. Chu, les policiers passent trop de temps dans les salles d'attente des hôpitaux et dans des situations où les individus souffrant d'une maladie mentale ne bénéficient pas de soutien social et médical suffisant.

Il faudrait concentrer les efforts sur la prévention de ce genre de situations plutôt que la gestion de crises, a-t-il poursuivi.

Le nombre de personnes interpellées par la police en vertu de la Loi sur la santé mentale a plus que quadruplé depuis 2002, a précisé M. Chu, qui est directeur du Service de police de la Ville de Vancouver. Dans cette ville seulement, cela représente plus de 2600 personnes interpellées jusqu'ici cette année.

Selon lui, les policiers sont passés de services de dernier recours en santé mentale à premiers intervenants.

«Et ce ne devrait pas être le cas. Nous ne rendons pas service à ceux qui sont malades et méritent de meilleurs soins», a-t-il expliqué.

«Les autres ordres de gouvernement n'ont pas pris leurs responsabilités dans le dossier, ce qui a entraîné un effet domino et alourdi la charge de travail des policiers, et ce ne devrait pas être le cas», a insisté M. Chu, expliquant que la situation avait ajouté un fardeau supplémentaire pour les policiers.

Il a souligné que certains services de police au pays examinent la voie de la formation et tentent de mettre en place de nouveaux modèles de travail pour les agents appelés à intervenir dans ce genre de dossiers. On songe notamment à intégrer aux équipes des intervenants professionnels en santé mentale, afin de faciliter la tâche des policiers.

Une conférence, organisée par la Commission de la santé mentale et l'ACCP, devrait par ailleurs être tenue à ce sujet en mars prochain.