Un Canadien de 24 ans doit être libéré d'une prison mauritanienne après avoir été condamné à 18 mois de réclusion et à une amende de 2000 $ pour des liens allégués à la branche nord-africaine d'Al-Qaïda, appelée Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), ont indiqué lundi des responsables.

La Cour d'appel mauritanienne a ordonné dimanche la libération du Canadien Aaron Yoon le jour même du prononcé de sa peine, puisqu'il avait déjà purgé cette peine en détention préventive, a révélé à l'Associated Press le procureur Ahmed Ould.

M. Yoon avait été arrêté en décembre 2011. Les procureurs réclamaient 10 ans de prison pour le Canadien, en raison de ce qu'ils décrivaient comme «son lien avec de dangereuses activités terroristes et son rôle dans le recrutement de djihadistes».

M. Yoon a de son côté nié tout lien avec le terrorisme, disant plutôt être venu en Mauritanie pour y apprendre l'arabe et étudier le Coran.

Selon les autorités mauritaniennes, l'homme se serait rendu dans la région avec deux autres Canadiens qui ont été plus tard impliqués dans un attentat terroriste contre une usine de gaz naturel dans le sud-est de l'Algérie, plus tôt cette année.

L'attentat a été revendiqué par Moktar Belmoktar, un ancien commandant d'AQMI qui a fondé son propre groupe à la fin de l'an dernier.

Ce dernier avait précédemment effectué plusieurs attaques en Mauritanie, qui a servi de terreau fertile pour le recrutement de djihadistes, dont les rangs ont été gonflés par plusieurs ressortissants du pays.

En avril, la police canadienne a confirmé l'identité de deux Canadiens tués lors de l'attaque en Algérie: il s'agit d'Ali Medlej et de Xristos Katsiroubas.

Le gouvernement algérien affirme qu'ils étaient impliqués dans l'attaque en tant que preneurs d'otages.

M. Yoon a révélé à Amnistie internationale qu'il avait été torturé lors de sa détention. Il aurait également été forcé de signer une confession dont il ne comprenait pas le contenu, et qui a pesé lourd dans sa cause pendant toute la procédure judiciaire.

Dans une entrevue accordée lundi, le secrétaire général d'Amnistie internationale Canada, Alex Neve, n'a pas pu dire si le récent rapport de l'organisme sur cette question avait eu un effet sur la décision de dimanche.

«Je crois qu'il était évident pour les autorités mauritaniennes que l'affaire soulevait des inquiétudes, et qu'elles faisaient l'objet d'une surveillance serrée», a-t-il dit.

M. Yoon a fréquenté l'école secondaire en compagnie de Medlej et Katsiroubas. Il dit avoir quitté le Canada avec les deux hommes en mai 2011 pour se rendre tout d'abord au Maroc, puis en Mauritanie.

M. Yoon assure qu'il ne savait pas comment ses deux amis s'étaient liés aux militants.

M. Neve a dit ne pas savoir quand le Canadien pourrait quitter le pays, mais que celui-ci avait hâte de revoir sa famille au Canada.

Les services de renseignement canadiens n'ont pas voulu commenter l'affaire lundi. Un porte-parole de la Sécurité publique, Jean-Paul Duval, avait pour sa part bien peu de choses à dire. «Je peux dire que les agences de sécurité posent des gestes appropriés pour que les Canadiens demeurent en sécurité, a-t-il dit. Nous ne commenterons pas ce dossier plus avant.»

À la Gendarmerie royale du Canada, on s'est également bien gardés de commenter, indiquant seulement que la police fédérale «était au courant d'informations concernant la libération prochaine d'un Canadien détenu en Mauritanie».