Le gouvernement Marois s'accroche à l'espoir d'une entente dans l'industrie de la construction, malgré les moyens de pression qui pourraient perturber les chantiers dès samedi.

Dans un point de presse vendredi au parlement à Québec, la ministre du Travail, Agnès Maltais, a soutenu que le travail se poursuit activement aux tables de négociations.

«Je continue de croire que cela peut et cela doit se régler par la négociation», a-t-elle déclaré à la sortie de l'Assemblée nationale.

Or, dès samedi, les parties ont le droit d'exercer des moyens de pression, même que la partie patronale a déjà menacé de recourir rapidement à un lock-out. Pour leur part, les syndicats ont manifesté leur intention de déclencher une grève générale illimitée le 17 juin si une entente n'est pas signée d'ici là.

En Chambre, vendredi matin, Mme Maltais a défendu sa discrétion dans le dossier. Elle estime qu'il ne faut pas intervenir dans cette négociation.

«Il faut laisser les gens travailler ensemble. Ils connaissent leur domaine. Chaque fois qu'il y a eu des négociations dans le domaine de la construction, on a vu la chaleur monter. Comme ministre du Travail, je ne dois pas participer à faire monter la chaleur (sic).»

Elle a aussi précisé qu'elle était informée quotidiennement de l'état des pourparlers. Le mandat des médiateurs qu'elle avait nommés a pris fin le 10 mai, ce qui explique d'ailleurs que les parties peuvent entamer des moyens de pression trois semaines plus tard, en vertu des règles, donc le samedi 1er juin.

Les médiateurs ont jugé bon de ne pas renouveler leur mandat, mais ils poursuivent leur travail, cette fois à titre de conciliateurs.

Vendredi, syndicats et patronat se sont rencontrés pour la première journée de négociations depuis le 8 mai. Une autre journée de négociations doit se tenir le mercredi 5 juin.

Malgré la menace de grève le 17 juin, la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) a fait savoir qu'elle rendait ses négociateurs disponibles 7 jours sur 7, 24h sur 24h, pour en arriver à une entente.

«On ne veut pas mettre le couteau sur la gorge à personne, a dit le porte-parole de la FTQ, Merlin Trottier-Picard, en entrevue téléphonique, vendredi. On veut s'assurer que toutes les parties ont une volonté de négocier.»

Les discussions sont particulièrement difficiles avec l'Association de la construction du Québec (ACQ), qui semble plus favorable à un lock-out.

L'opposition libérale a pour sa part qualifié la situation de «très préoccupante». Lors d'une interpellation, le porte-parole libéral en matière de Travail, Guy Ouellette, a déploré «ne pas avoir encore entendu la ministre du Travail indiquer où elle se situait».

La Coalition avenir Québec a quant à elle demandé à la ministre de prévoir un plan en cas de grève. «Le Québec n'a pas les moyens de connaître une grève, surtout avec la situation économique que l'on a», a dit le député Christian Dubé.

Rappelons que les négociations dans le secteur de la construction ont commencé le 20 mars.

Le regroupement des syndicats de la construction, l'Alliance syndicale, soupçonne les associations patronales de vouloir retarder volontairement le processus puisque les entrepreneurs économisent ainsi quelque 8 millions $ par semaine en augmentations de salaire non versées, pour un total de près de 30 millions $ jusqu'ici.

Les employeurs tentent notamment d'obtenir des allongements des heures de travail, l'obligation de travailler sur six jours sans temps supplémentaire, le remplacement des heures supplémentaires payées en double par du «temps et demi» ainsi qu'une mobilité provinciale sans restriction de la main-d'oeuvre.

Les demandes syndicales, incluant les salaires et les avantages sociaux, représentent une hausse de 1,40 $ de l'heure, soit une augmentation de 4 %.