Un jeune Canadien qui avait été condamné à la peine de mort en Arabie saoudite a été discrètement libéré de prison, après presque six ans derrière les barreaux.

Des documents obtenus par La Presse Canadienne indiquent que Mohamed Kohail a été libéré en décembre dernier.

Les documents du ministère des Affaires étrangères, obtenus en vertu de la Loi d'accès à l'information, sont censurés et ne précisent pas dans quelles circonstances M. Kohail a été libéré.

«C'était du ressort de la famille de faire ou non une annonce à ce sujet, affirme Chrystiane Roy, une porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Ce que je comprends, c'est qu'il a été libéré et je n'ai pas plus d'information.»

L'histoire de Mohamed Kohail avait défrayé les manchettes en 2007. Le Montréalais d'origine avait été condamné à la peine capitale pour son rôle présumé lors d'une bagarre dans une cour d'école qui avait fait un mort en 2005.

Le jeune homme, âgé de 22 ans à l'époque, et un ami jordanien devaient tous les deux avoir la tête tranchée avec un sabre pour leur implication dans le décès d'un jeune de 19 ans. La bagarre avait commencé par des insultes proférées à l'endroit d'une jeune femme par Sultan, le frère de Mohamed.

Les frères Kohail ont soutenu à plusieurs reprises qu'ils avaient agi en légitime défense et qu'ils n'étaient pas responsables des blessures fatales infligées durant la bagarre qui a impliqué des dizaines de jeunes.

La cause de Mohamed Kohail a franchi toutes les étapes du système judiciaire saoudien. Le plus haut tribunal du pays avait finalement cassé la sentence de peine de mort en 2010.

Sultan Kohail avait, pour sa part, été condamné à 200 coups de fouet et une année en prison pour avoir été complice du crime, avant que ce verdict ne soit renversé en appel.

Les deux frères sont toujours en Arabie saoudite, et sont dans l'incertitude en attendant l'évolution de leur statut juridique.

La dernière décision judiciaire remonte à janvier 2010 lorsque le Conseil suprême de l'Arabie saoudite a statué que la sentence de peine capitale devait être renversée et le procès repris.

Les documents du gouvernement fédéral inclut une série de courriels échangés, en novembre 2012, entre des fonctionnaires des Affaires étrangères, qui discutent de la stratégie médiatique à adopter alors que Mohamed Kohail est sur le point d'être libéré.

Au cours des derniers mois, la famille est demeurée discrète pour permettre au dossier de suivre son cours dans le système judiciaire saoudien. Un porte-parole de la famille a refusé de commenter les derniers développements.

Le premier ministre Stephen Harper a déclaré dans le passé que son gouvernement chercherait à obtenir la clémence pour le jeune homme.

Une note de service de 2011 du ministère des Affaires étrangères, également obtenu en vertu de la Loi d'accès à l'information, expliquait que selon les lois saoudiennes, le cas de Mohamed Kohail est soumis au droit privé. Cela signifie que seulement la famille de la victime peut accorder la clémence.

Le document stipulait que le gouvernement saoudien «avait fait des efforts pour encourager la réconciliation entre les familles».

Le premier procès n'avait duré que 90 minutes et les avocats n'avaient pu assister aux audiences que dans les dernières étapes du processus judiciaire.

Nés en Palestine, les frères Kohail ont déménagé au Canada avec leur famille en 2000 et sont devenus citoyens canadiens en 2005. Ils se sont établis en Arabie saoudite l'année suivante pour ce qui devait être un séjour de courte durée. La famille a toujours prétendu vouloir revenir vivre au Canada.