Le site Internet américain Gawker a atteint l'objectif qu'il s'était fixé de recueillir 200 000 $ pour acheter ce que ses dirigeants disent être une vidéo filmée à l'aide d'un téléphone cellulaire montrant, prétendument, le maire de Toronto Rob Ford fumant du crack.

Cependant, on ignore toujours si le site sera en mesure de mettre la main sur la vidéo et l'afficher, tel que Gawker l'a promis.

L'atteinte de l'objectif que s'était fixé Gawker s'est produite au moment où la controverse entourant Rob Ford atteignait sa garde rapprochée, alors que son attaché de presse, George Christopoulos, et l'adjoint de ce dernier, Isaac Ransom, ont remis leur démission, lundi.

M. Christopoulos et M. Ransom n'ont pas expliqué les raisons de leur départ. De son côté, M. Ford s'est contenté de dire que les deux hommes avaient «décidé d'emprunter une avenue différente».

Les départs de ces deux personnes-clés surviennent quelques jours après que Rob Ford et son chef de cabinet, Mark Towhey, eurent annoncé la fin de leur association. M. Towhey s'est limité à dire qu'il n'avait pas démissionné.

Dans un gazouillis affiché peu de temps après l'annonce des démissions, M. Towhey a déclaré que MM. Christopoulos et Ransom étaient «d'honorables, honnêtes et remarquables professionnels». Malgré tout, M. Ford a assuré que ce serait «le train-train habituel» à l'Hôtel de Ville.

«Nous ne faisons que persévérer», a déclaré le maire.

À New York, le dirigeant de Gawker, John Cook - qui n'a pas répondu aux demandes pour discuter de sa campagne de financement - a fait savoir lundi qu'il avait de la difficulté à trouver le détenteur de la vidéo.

«Nous n'avons eu aucun autre contact avec les gens qui, croyons-nous, possèdent la vidéo depuis la dernière mise à jour», a déclaré M. Cook dans un message affiché sur son site web.

Lors du message précédent, jeudi dernier, M. Cook avait avoué qu'il avait moins confiance de pouvoir acheter la vidéo.

Il a expliqué comment il a perdu tout contact avec le propriétaire inconnu - un vendeur de drogue «prétendument apeuré et frivole» - qui aurait supposément filmé M. Ford fumant ce qui semble être du crack et lançant des remarques de nature homophobe et raciste.

Gawker a promis de remettre l'argent à un organisme canadien sans but lucratif qui oeuvre dans le domaine de l'abus d'alcool ou d'autres drogues, si l'achat de la vidéo ne se concrétise pas.

Dimanche, un Rob Ford énergique s'est servi de son émission de radio hebdomadaire pour affirmer que la vidéo n'existe pas. Il a également lancé une virulente critique à l'endroit des journalistes, les qualifiant de «bandes de larves».

Lundi, M. Ford, l'air penaud, a dit vouloir offrir ses «sincères excuses» pour l'insulte.

«Ils m'ont dérangé, beaucoup», a-t-il ajouté en parlant de ses commentaires, expliquant qu'il subissait un énorme stress.

«Je comprends que vous avez un travail à faire», a-t-il aussi dit aux représentants des médias.

Son frère Doug, conseiller municipal à Toronto, qui a aussi participé aux attaques à l'endroit des médias, a également paru plus conciliant lundi.

Depuis dix jours, le maire de Toronto est mêlé à des allégations à l'effet qu'il a été filmé fumant du crack.

Rob Ford a qualifié les accusations de «ridicules», mais lors de son seul commentaire significatif à cet effet, vendredi, il s'est limité à dire qu'il ne consommait pas de crack et qu'il n'était pas un toxicomane.

Les allégations, également rapportées par le Toronto Star, n'ont pas été contre-vérifiées par une source indépendante, et le Star dit ne pas pouvoir garantir l'authenticité de la vidéo.

Par ailleurs, M. Ford a dit «n'avoir aucune idée de la teneur d'une enquête policière», lorsque questionné sur le fait que des policiers interrogeaient des membres de son personnel après qu'un adjoint leur eut déclaré qu'un citoyen savait où se trouvait la vidéo.

La journaliste Robyn Doolittle, du Toronto Star, croit qu'il existe une ou deux copies de la vidéo.