L'opposition à la réforme fédérale de l'assurance-emploi mise de l'avant par le gouvernement Harper a gagné la bataille de l'opinion publique, croit Pierre Céré, du Conseil national des chômeurs.

Affirmant avoir assisté aux différentes réformes de l'assurance-chômage depuis 1979, le militant soutient que jamais une telle mobilisation n'a émergé de modifications au régime.

Dans plusieurs régions touchées par le chômage saisonnier, dont le Bas-Saint-Laurent, ce sont des communautés tout entières qui se mobilisent. Des députés, des gens d'affaires, des chambres de commerce, des groupes communautaires, des syndicats et même des paroisses dénoncent les impacts des réformes en vigueur depuis le 1er janvier.

Le mouvement de contestation a aussi gagné les provinces des Maritimes, dont le Nouveau-Brunswick, où se trouvent plusieurs emplois saisonniers.

Les militants opposés à la réforme redoutent les impacts à long terme de ces changements sur les régions et la vie familiale de plusieurs travailleurs.

Pierre Céré croit que même si la bataille n'a pas encore été gagnée, les mobilisations dérangent le gouvernement conservateur. Ces dernières semaines, des lettres ont été envoyées pour tenter de rassurer les chômeurs, mais aucune modification n'a été apportée. Et les contraintes demeurent, notamment sur la définition de ce que doit être un «emploi convenable».

«Dans les lettres que reçoivent les gens, on peut lire qu'ils doivent accepter un travail différent, même à des salaires plus bas et à des conditions de travail qui peuvent changer. On redéfinit à la baisse ce qu'on entend par emploi convenable», a dénoncé M. Céré.

Aux appréhensions liées aux changements à l'assurance-emploi s'ajoute une crainte sur la possibilité de pouvoir bénéficier de l'aide sociale. Sur la Côte-Nord et dans la région de la Charlevoix, certains nomment cette inquiétude «le trou noir».

«Les gens vivent sans revenus, doivent s'endetter et ce stress peut aussi avoir d'autres conséquences sur la vie de famille», a insisté M. Céré.

En vertu d'un projet-pilote mis en place en 2004 sous le gouvernement libéral de Paul Martin, les travailleurs saisonniers provenant de six régions ciblées pouvaient profiter d'une prolongation de prestations de cinq semaines de février à avril. Cette mesure ayant été abolie à l'automne 2012, plusieurs groupes se demandent aujourd'hui si ces prestataires, laissés sans revenus pendant un mois et demi, pourront se prémunir de l'aide de dernier recours.

«J'ai vu récemment des travailleuses saisonnières sans travail, sans revenus, et plusieurs n'avaient pas droit à l'aide sociale parce qu'elles avaient un conjoint ou de petites économies à épuiser. Passer le trou noir, c'est très dur», a relevé M. Céré.

La Coalition québécoise contre la réforme de l'assurance-emploi tiendra un spectacle le 4 avril à la salle La Tulipe de Montréal. Plusieurs discours y sont prévus pour dénoncer les changements apportés par le gouvernement fédéral.

La Coalition québécoise contre la réforme de l'assurance-emploi regroupe également la Fédération québécoise des municipalités (FQM), l'Union des municipalités du Québec (UMQ), l'Union des producteurs agricoles (UPA), l'Union des artistes (UDA) et les grandes centrales syndicales telles que la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) et la Confédération des syndicats nationaux (CSN).