La discrimination freine l'accès au logement pour les immigrants et minorités au Québec, et des formulaires de location sont perçus comme de véritables intrusions dans la vie privée, soutient le Regroupement des comités logement et associations de locataires.

Le Regroupement a souligné, jeudi, la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale en faisant un lien avec les difficultés vécues par plusieurs locataires.

La porte-parole France Émond souhaite convaincre le ministre des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire, Sylvain Gaudreault, qu'un encadrement juridique du processus de location est nécessaire. Selon elle, trop de cas d'abus existent toujours.

Certains formulaires de location, destinés à «qualifier» les locataires pour un logement, demandent des informations perçues comme de véritables intrusions dans la vie privée des individus. Parmi les renseignements demandés, on retrouve les numéros de comptes bancaires, le nombre et l'âge des enfants ou encore la marque et le modèle de voiture.

France Émond raconte aussi qu'il n'est pas rare, en entendant une personne parler avec un accent ou en mentionnant que le futur locataire a des enfants, que le logement convoité s'avère soudainement non disponible.

La situation est encore plus difficile en régions, là où les personnes issues de l'immigration sont moins nombreuses et où les minorités encore plus visibles.

Pour éviter ce que le RCLALQ traduit comme des cas d'abus, le ministre Gaudreault est invité à interdire de tels formulaires afin de donner à la Régie du logement le pouvoir d'intervenir dans le processus de location. En bout de piste, la régie pourrait trancher, en cas de litige, entre un propriétaire et un locataire.

L'Association des propriétaires du Québec a réagi à cette sortie du RCLALQ, en plaidant pour le maintien du formulaire de location. L'APQ croit que les renseignements demandés assurent aux locataires de «vivre en paix» avec les autres locataires.

Le président Martin Messier ne cache pas que les propriétaires en tirent l'avantage d'obtenir des garanties sur les capacités de paiements des locataires. Il en fait en quelque sorte une manière de calculer les risques liés aux obligations financières des propriétaires des immeubles locatifs, qui doivent déjà se soumettre aux règles de fixation des loyers.