La position du gouvernement Harper sur l'instauration d'une taxe sur le carbone reste inchangée, même si celle mise en place par le gouvernement de la Colombie-Britannique n'a pas eu d'impact significatif sur l'économie de la province depuis cinq ans.

Dans son budget déposé mardi, la Colombie-Britannique a présenté une étude très attendue sur sa mesure fiscale et environnementale adoptée en 2008. «Des analyses économiques menées pour l'évaluation de la taxe sur le carbone indiquent [qu'elle] a eu, et continuera d'avoir, un petit impact négatif sur le produit intérieur brut (PIB)», peut-on lire dans le document de quelques pages.

Cette conclusion s'ajoute à d'autres qui vont dans le même sens: il y a quelques mois, le groupe Sustainable Prosperity a rendu un rapport public dans lequel il a conclu qu'après quatre ans, la taxe sur le carbone de la Colombie-Britannique «avait semblé avoir un impact environnemental positif, sans nuire à l'économie». «La consommation moyenne [des carburants assujettis à la taxe] par des Britannico-Colombiens a chuté de 15,1% depuis 2008, tandis que les ventes par personne dans le reste du Canada ont augmenté de 1,3%», a précisé l'organisme d'Ottawa.

Malgré tout, la position du gouvernement Harper reste la même. Après avoir attaqué l'ancien chef libéral Stéphane Dion pour sa proposition d'une taxe sur le carbone, en 2008, les conservateurs s'en prennent maintenant au NPD qui a promis au cours des dernières élections de créer un marché du carbone - une mesure que la plateforme électorale conservatrice a déjà pourtant elle-même proposée.

«Une taxe sur le carbone est en fait une taxe sur tout qui augmentera le prix de choses comme le gaz et l'épicerie. En fin de compte, ce sont les familles qui ramassent la facture. C'est d'ailleurs ce que le NPD propose dans sa plateforme électorale. Les Québécois peuvent compter sur nous pour garder les taxes et les impôts à un niveau bas», a réagi cette semaine Carl Vallée, l'attaché de presse du premier ministre Stephen Harper.

Sans surprise, le gouvernement libéral de la Colombie-Britannique a décidé de garder la taxe en place, qui lui rapporte environ 1,2 milliard par année. Il a néanmoins décidé de ne pas l'augmenter au-delà du niveau actuel de 30$ par tonne et de ne pas l'étendre à des émissions qui ne sont pas couvertes actuellement, «pour éviter un impact négatif plus grand sur l'économie».

«Tandis que la taxe sur le carbone à son taux actuel ne semble pas avoir d'impact significatif sur l'économie de la Colombie-Britannique dans son ensemble, un certain nombre de secteurs ont exprimé des préoccupations quant aux impacts que la taxe pourrait avoir sur leur compétitivité», précise l'étude. C'est le cas, entre autres, d'industries aux émissions de gaz à effet de serre élevées, comme celles du ciment, de la raffinerie et de l'extraction pétrolière et gazière.

Victoria s'est montrée ouverte à intensifier ses efforts, si ses voisins agissaient pour lutter contre les émissions de GES. «Certaines autorités au Canada et aux États-Unis ont mis en place des mécanismes plus modestes de tarification du carbone et le Québec et la Californie ont un marché du carbone. Par contre, près de cinq ans après son adoption, la taxe sur le carbone de la Colombie-Britannique demeure la seule en son genre en Amérique du Nord.»

Selon Kathryn Harrison, professeure de sciences politiques à l'Université de la Colombie-Britannique, ces conclusions rendent la position des conservateurs de plus en plus difficile à défendre. «Le fait que la taxe sur le carbone de la Colombie-Britannique ait été adoptée avec un soutien relativement fort de la communauté des affaires; le fait qu'elle ait survécu (elle est maintenant à environ 50% dans les sondages d'opinion); le fait que les évaluations actuelles indiquent qu'elle fonctionne pour réduire les émissions de GES et qu'elle n'a pas eu d'impact dévastateur sur l'économie, ça pose un obstacle considérable à la position du gouvernement fédéral», dit-elle.