L'impact du projet de loi controversé C-31 dépasse les attentes du gouvernement. Des statistiques obtenues par La Presse auprès indiquent que les demandes d'asiles ont diminué de 70 % depuis l'entrée en vigueur des nouvelles mesures en décembre.

C'est surtout vrai pour les demandeurs de la Hongrie, un pays que le ministre de l'Immigration Jason Kenney avait visé tout particulièrement lors des débats qui ont entouré l'adoption des changements. Une seule demande a émané de ce pays en janvier et février, alors que la moyenne avant la réforme était de 44 par semaine.

«Nous étions convaincus que nos modifications entraîneraient une diminution du nombre des demandes d'asile non fondées, mais nous n'avons jamais imaginé que les changements seraient aussi fructueux», a indiqué une source gouvernementale.

Présenté par le ministre comme un moyen de sauvegarder l'intégrité du système face à une augmentation des demandes d'asiles frauduleuses, le projet de loi-C-31 a notamment dressé une liste de plus de 30 «pays d'origine désignés», pour lesquels le processus de prise de décision a été accéléré en raison de leur bon fonctionnement démocratique et juridique.

Cette liste inclut des pays comme la France, l'Allemagne l'Australie, la Hongrie ou le Mexique. Les demandes qui proviennent de ces deux derniers pays avaient connu une augmentation significative au cours des dernières années. Pour la Hongrie, elles étaient passées de 300 en 2008 à 2500 en 2009, puis à 4500 en 2011.

De nombreux groupes, experts et partis politiques ont dénoncé ces règles comme étant injustes et discriminatoires, en particulier face à la communauté Rom de l'Europe centrale et de l'Est, victime de discrimination et d'actes de violence et dont le nombre de demandes d'asile au Canada a aussi bondi au cours des dernières années.

Selon les informations obtenues par La Presse, le nombre de demandes d'asile provenant des pays d'origine désignés reçues entre le 15 décembre 2012 et le 10 février 2013 a baissé de 84 % par rapport à la même période l'année précédente.

«Cela signifie que les vrais réfugiés dans le besoin recevront une protection plus rapide, tandis que les faux demandeurs seront expulsés du pays plus rapidement, ce qui fera économiser beaucoup d'argent aux contribuables», s'est réjoui la même source gouvernementale.

Cette source a affirmé que si la tendance se maintient, les provinces et territoires pourront sauver 420 millions de dollars de plus que prévu en divers services, tels que l'assistance sociale, l'éducation et la santé. Les économies totales engendrées par la réforme pourraient atteindre 2 milliards de dollars.