La première ministre de l'Alberta Alison Redford ne croit pas que le gouvernement péquiste de Pauline Marois va torpiller le projet visant à acheminer le pétrole albertain issu des sables bitumineux vers l'est du pays.

Dans une entrevue accordée à la radio de CBC lundi matin, Mme Redford a affirmé qu'elle a discuté des mérites de ce projet avec Mme Marois au cours des dernières semaines et que cette dernière tient à ce que l'environnement soit protégé, que la réglementation soit appliquée et que le projet rapporte des dividendes sur le plan économique.

« Notre compréhension est qu'il a un consensus grandissant que les questions de l'énergie sont importantes, que les infrastructures sont importantes et que cela nous permet d'augmenter la croissance de l'économie. Et c'est certainement les échos que nous avons des décideurs au Québec aussi », affirmé la première ministre de l'Alberta.

Mme Redford a dit être « optimiste » que ce projet verra  le jour « si toutes les parties intéressées travaillent ensemble ».

La semaine dernière, La Presse a révélé que la société TransCanada a tenu une série de rencontres de haut niveau à Québec et à Ottawa afin de promouvoir la conversion de son gazoduc transcanadien en oléoduc.

À l'heure actuelle, ce gazoduc part de l'Alberta et s'arrête à Montréal. TransCanada envisage de le prolonger jusqu'à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, afin d'approvisionner la raffinerie Irving. La société n'exclut pas d'exporter un éventuel surplus.

Ce projet, qui pourrait voir le jour d'ici 2017 s'il est approuvé par les autorités compétentes, est le deuxième à être mis de l'avant afin d'acheminer le pétrole albertain dans l'est du pays.

L'autre projet, proposé par la société Enbridge, consiste à inverser le flot d'un pipeline existant entre Sarnia et Montréal. Le projet est présentement examiné par l'Office national de l'énergie. Jusqu'ici, le gouvernement Marois a accueilli ces deux projets avec une ouverture prudente.

Les deux raffineries du Québec et celle de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, souhaitent s'approvisionner en pétrole albertain plutôt qu'en brut importé, qui se négocie à un prix beaucoup plus élevé.

L'Alberta cherche de nouveaux marchés pour son pétrole, qui se vend entre 20 $  et 40 $ moins cher que le prix du Brent parce que les compagnies pétrolières doivent le vendre sur le marché ouest des États-Unis, où il y a déjà des surplus. La vente à rabais du pétrole albertain entraîne des pertes de revenus importantes pour le gouvernement provincial, qui pourrait devoir composer avec un déficit de près de six milliards de dollars en 2013-2014.

Plusieurs projets ont été mis sur la table pour trouver de nouveaux marchés, dont construction du pipeline Northern Gateway entre l'Alberta et la Colombie-Britannique et le parachèvement du pipeline Keystone XL. Mais les deux projets se sont heurtés à une vive opposition de la part des groupes environnementalistes.

- Avec Martin Croteau