Depuis trois ans, l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) saisit de moins en moins d'alcool et de tabac, selon les chiffres obtenus par La Presse. Le syndicat voit là une conséquence de l'automatisation des douanes et de la baisse d'effectifs, mais la direction juge les statistiques «plutôt stables».

En 2011, les employés de l'ASFC ont fait 2512 saisies de tabac, soit 32% de moins qu'en 2009. La tendance semble s'être poursuivie en 2012: à la mi-décembre, on recensait 2395 saisies de tabac. La valeur de la marchandise interceptée est passée de 11 millions en 2009 à seulement 3 millions l'an dernier (jusqu'à la mi-décembre).

Les agents confisquent également moins d'alcool. Le nombre de saisies est passé de 3976 en 2009 à 3269 en 2012 (jusqu'à la mi-décembre), une baisse de 22%. La valeur de l'alcool confisqué a presque diminué de moitié.

Quant aux saisies de drogue, le nombre se maintient, mais la valeur a sensiblement diminué en trois ans (voir tableau).

Pourquoi confisque-t-on moins d'alcool et de tabac qu'avant? «Les statistiques et les saisies sont demeurées plutôt stables au cours des dernières années», a répondu dans un courriel Amitha Carnadin, relationniste à l'ASFC.

Selon elle, les variations peuvent s'expliquer par «une saisie particulièrement importante dans une année donnée». Elle a donné l'exemple de la saisie record d'opium réalisée en 2009. Des agents de Calgary avaient intercepté 7262 kg de gousses de pavot à opium d'une valeur marchande estimée à plus de 14,5 millions.

Le Syndicat des douanes et de l'immigration, qui représente 11 200 agents de douane et d'enquête, a un tout autre avis. Selon son président, Jean-Pierre Fortin, la baisse du nombre de saisies est attribuable aux suppressions de postes et aux nouveaux dispositifs automatisés aux frontières. «On affaiblit tranquillement la première ligne de défense de notre pays», prévient M. Fortin.

Des bornes libre-service visant à diminuer le temps d'attente aux aéroports ont été implantées à Vancouver en 2009 et à Montréal en juin. Les voyageurs y insèrent leur passeport, leur carte de déclaration et les reçus des achats faits à l'étranger et se présentent ensuite devant un douanier, qui vérifie rapidement leurs documents.

Si l'ASFC assure qu'elle ne fait aucun compromis sur la sécurité, M. Fortin craint que ce système, qui sera installé dans d'autres aéroports prochainement, permette à des voyageurs fautifs de passer dans les mailles du filet.

Jean-Pierre Fortin ajoute que, l'an dernier, le gouvernement fédéral a annoncé l'abolition de 1351 postes à l'ASFC en 3 ans. Selon le syndicat, quelque 325 postes de douaniers seront supprimés, de même que 19 des 70 postes de maîtres-chiens. M. Fortin estime que de 100 à 200 postes ont été éliminés à ce jour.

«Des saisies, il risque d'y en avoir de moins en moins», conclut-il.

- Avec William Leclerc