«Pendant la crise d'Oka, en 1990, j'étais une ado et j'avais peur. Je pensais que l'armée rentrerait dans chacune de nos maisons», se souvient Mélissa Mollen Dupuis, l'une des porte-parole d'Idle no More au Québec.

«Mon trajet en autobus vers mon école secondaire de Kahnawake était plus long que jamais parce que les militaires fouillaient tous nos sacs à dos avant de nous laisser passer» se souvient Steve Bonspiel, éditeur du journal The Eastern Door à Kahnawake.

Cette crise a laissé un goût amer, comme l'ont fait d'autres barricades érigées sur des ponts et des routes un peu partout au Canada.

Cette fois, le mouvement Idle No More cherche à séduire les Blancs en disant que ses buts principaux la lutte contre les lois mammouth C38 et C45 qui limitent des protections environnementales touchent tous les Canadiens.

«À la marche du 11 janvier, à Montréal, signale Mme Mollen Dupuis, il y avait autant d'autochtones que de non-autochtones, autant de francophones que d'anglophones. Il y avait aussi des anarchistes, des anticapitalistes, des anticolonialistes. C'était beau, à voir, parce que nous et les Blancs, ça fait 400 ans qu'on ne se connaît pas.»

Mais si jamais Idle No More se radicalisait et y allait de perturbations, les Blancs ne risqueraient-ils pas de trouver le mouvement pas mal moins attrayant? Sans doute devraient-ils alors calculer si la défense de la terre ne vaut pas quelques sacrifices et dérangements, dit Mme Mollen Dupuis.

«En même temps, dit-elle, je ne vois pas pourquoi ça dégénérerait au Québec. Nos appels à manifester pacifiquement ont été très suivis.»

Réfléchissant à voix haute, Mme Mollen Dupuis ajoute être aussi parfaitement consciente qu'en dehors des coups d'éclat, les autochtones sont le plus souvent ignorés. «D'ailleurs, quand Idle No More a été lancé, on n'en avait que pour le singe IKEA dans les médias!»