L'importante opération policière qui a durement frappé le chapitre des Rock Machine du Manitoba aujourd'hui pourrait avoir des répercussions sur ce groupe de motards au Québec. C'est du moins ce que croient des sources interrogées par La Presse.

«On ne sait pas si l'opération du Manitoba va provoquer la disparition des Rock Machine du Québec qui ne sont déjà pas très organisés, mais cela ne les aidera sûrement pas», nous a confié un policier.

Environ 140 policiers de la GRC du Manitoba et de la police de Winnipeg ont pris part jeudi à une importante opération baptisée Dilemma au cours de laquelle 11 membres de ce groupe de motards criminels ainsi que des trafiquants de stupéfiants associés ont été arrêtés dans cette province de l'Ouest du pays.

En cours d'enquête et lors de l'opération de jeudi, les policiers ont également mis la main sur six armes à feu et des munitions, 11 bâtons de dynamite, 1800 comprimés d'une drogue s'apparentant à de l'ecstasy,un kilo et demi de cocaïne, trois kilos de marijuana, une voiture, une importante somme d'argent et plusieurs objets à l'effigie des Rock Machine, dont des vestes.

Des accusations de trafic de stupéfiants, trafic d'armes et activités criminelles liées à un gang seront portées contre les suspects.

«C'est dur à dire si cette opération va provoquer la fin des Rock Machine au Manitoba. Il y a toujours des gens pour prendre la relève mais cela va sûrement leur porter un dur coup», a déclaré à La Presse le surintendant de la GRC au Manitoba, Robert Bazin.

C'est au Manitoba que les Rock Machine, créés à Montréal durant les années 1980, était le mieux organisé au pays. En 2011, les Rock Machine du Manitoba ont été au coeur d'un conflit sanglant qui les opposaient à un gang lié aux Hells Angels et qui a été marqué par des meurtres, des tentatives de meurtre et des incendies criminels dans l'ouest du pays.



Ici, au Québec, les Rock Machine sont devenus des Bandidos au tournant des années 2000 mais ont été pratiquement rayés de la carte lors de l'opération Amigos menée en 2002. Un nouveau chapitre a été créé au Québec en 2010 et quelques individus portant leur veste ont été vus dans des bars de danseuses de Montréal et sont observés de temps en temps dans des établissements licenciés, en particulier dans la région de Joliette.

D'ailleurs, le 15 janvier dernier, La Presse a rapporté qu'un prospect des Rock Machine habitant dans cette région, Mathieu Bellemare, a été condamné à 14 mois de prison le 21 décembre dernier pour possession d'arme. 

«Durant toute l'enquête Dilemma, on a remarqué qu'il y avait des contacts entre les Rock Machine du Manitoba et ceux des autres provinces, dont le Québec. Ils parlaient du club et des affaires», a indiqué le surintendant Bazin.

Les Rock Machine ont cependant des chapitres ailleurs dans le monde, la plupart en Europe. Avant Noël, Europol, qui regroupe les corps de police des pays d'Europe, a publié un communiqué dans lequel elle a dit craindre une reprise des hostilités entre gangs de motards à la suite de l'apparition de nouveaux chapitres sur le continent européen, dont des Rock Machine parrainés par leurs frères du Canada.