La leader autochtone Theresa Spence a annoncé hier qu'elle met fin à un jeûne de six semaines, au terme d'un marathon de négociations.

Installée dans l'île de Victoria, à deux pas du parlement, Mme Spence ne se nourrissait que de bouillon de poisson et de thé depuis le 11 décembre. Cette action a fait de la chef d'Attawapiskat une figure centrale du mouvement Idle No More, contestation autochtone sans précédent qui a balayé le pays.

Une équipe regroupant des leaders autochtones et des représentants des partis de l'opposition a négocié activement au cours des derniers jours pour la convaincre de mettre fin à son régime liquide. En fin d'après-midi, hier, ils ont finalement convenu d'une déclaration commune qui établit les priorités des autochtones dans leurs futurs échanges avec le gouvernement Harper.

En tête de liste se trouve la principale revendication de la chef Spence depuis des semaines: une rencontre des Premières Nations avec le gouvernement fédéral, les provinces, ainsi qu'avec le gouverneur général David Johnston, en sa qualité de chef d'État.

Les signataires conviennent de s'attaquer aux problèmes de logement et à la violence faite aux femmes dans les communautés autochtones. Ils s'engagent aussi à aborder l'épineuse question des redevances provenant de l'exploitation des ressources naturelles.

Une cérémonie organisée

La nation ontarienne Nishnawbe Aski organise aujourd'hui une cérémonie pour honorer Theresa Spence, qui prendra la parole lors d'une conférence de presse en matinée.

Le cas de Mme Spence a provoqué un vif débat au sein des Premières Nations au cours des dernières semaines. Une vérification comptable a soulevé de sérieuses questions sur la gestion de sa communauté, Attawapiskat, dans le nord de l'Ontario.

Elle a ensuite boycotté une rencontre organisée à la hâte par le premier ministre Stephen Harper, le 11 janvier, parce que le gouverneur général n'y était pas. Cette décision a failli entraîner l'échec du sommet, car plusieurs chefs ont exigé que la direction de l'Assemblée des Premières Nations (APN) l'imite en guise de solidarité.

Depuis ces événements, toutefois, Mme Spence semblait avoir atteint un cul-de-sac. D'une part, le gouverneur général a refusé de participer à une rencontre avec les leaders autochtones au motif qu'il s'agit d'un dossier politique. D'autre part, des élus fédéraux, des chefs autochtones et même des aînés de sa propre communauté l'appelaient à mettre fin à son jeûne.

La solution d'hier est présentée comme un moyen pour Mme Spence de rentrer chez elle sur une note positive.

Le leader de l'APN, Shawn Atleo, a d'ailleurs salué la contribution de la chef d'Attawapiskat à la cause autochtone.

«Notre but commun est simple et limpide: garantir que nos enfants puissent connaître l'avenir brillant qu'ils méritent, a-t-il déclaré. C'est ce que souhaite chaque chef à travers le pays et chaque membre de l'APN va continuer à se battre pour y arriver.»