Même si elle fait les manchettes depuis trois semaines, l'initiative Idle No More reste largement inconnue au sein de la population québécoise, selon un sondage mené par la firme CROP pour le compte de La Presse.

Selon ces données, à peine un répondant sur quatre avait entendu parler du mouvement et savait qu'il concernait des revendications des Premières Nations.

«Le mouvement n'a pas percolé pleinement dans l'opinion publique. On en est encore au début», a expliqué Youri Rivest, vice-président de CROP. Le sondeur a noté que la connaissance du mouvement était particulièrement faible dans la région de Québec.

Le coup de sonde a été mené au début de la semaine, mais les données n'auraient pas connu de changement majeur en quelques jours, selon Youri Rivest. «S'il n'y a pas d'événement d'éclat, il va falloir encore quelques semaines» avant que le mouvement soit connu par une majorité de Québécois, a-t-il expliqué.

Après qu'on leur eut expliqué brièvement en quoi consistait Idle No More, 37% des répondants ont affirmé être en accord avec ces revendications, contre 34% en défaveur. Un tiers des répondants a dit ne pas savoir comment se positionner.

Les autochtones responsables

Par ailleurs, les Québécois sont partagés quant à leur vision des problèmes vécus par les communautés autochtones du pays et à l'identité des responsables de ces problèmes.

Un répondant sur deux estime que, «de façon générale», la situation des autochtones est «plus favorable» ou «comparable» à celle des Blancs. L'autre moitié des répondants croit le contraire. Une assez forte majorité des répondants estime toutefois que leur situation est «plus défavorable» sur le plan des problèmes sociaux et de l'éducation.

Qui est responsable de ces problèmes qui minent l'avenir des Premières Nations? Elles-mêmes en premier, disent deux répondants sur cinq. Il s'agit de la réponse la plus populaire.

«Il y a un appel à la responsabilité de la part de la population», a analysé le sondeur Youri Rivest. Le sondeur a aussi tenu à souligner que les répondants qui se sont dits en faveur des revendications d'Idle No More rejettent généralement la responsabilité sur les gouvernements ou la société, alors que ceux qui ne les appuient pas croient que les Premières Nations sont responsables. Les hommes sont beaucoup plus nombreux que les femmes à tenir les communautés elles-mêmes responsables.

Ce sondage non probabiliste a été mené par internet du 7 au 9 janvier derniers auprès de 800 internautes. La marge d'erreur ne s'applique pas à cette méthode.

***

NOTORIÉTÉ D'IDLE NO MORE

Avez-vous entendu parler de ce mouvement?

Oui et il s'agit d'un mouvement qui porte sur les autochtones 25%

Oui, mais ignore que ce mouvement porte sur les autochtones 2%

Non 73%

Selon vous, quelle est la situation des autochtones par rapport aux non-autochtones au Canada et au Québec?

NIVEAU DE VIE ÉCONOMIQUE

Plus favorable 18%

Comparable 26%

Plus défavorable 56%

ÉDUCATION

Plus favorable 6%

Comparable 35%

Plus défavorable 60%

DE FAÇON GÉNÉRALE

Plus favorable 12%

Comparable 37%

Plus défavorable 51%

Qui est responsable des problèmes des autochtones?

Le gouvernement fédéral 27%

La société québécoise et canadienne en général 20%

Le gouvernement provincial 2%

Je ne sais pas 11%

L'opinion des Québécois sur les autochtones

88% estiment que les autochtones devraient être assujettis aux mêmes taxes et impôts que les autres Canadiens.

56% croient qu'il est normal que les autochtones conservent des droits d'occupation du territoire différents de ceux des Blancs.

56% jugent que le gouvernement devrait accorder aux autochtones des redevances sur l'exploitation des ressources pour certains territoires.

42% croient qu'il est normal que les autochtones reçoivent une réparation financière, vu les injustices subies au fil des années.

***

MÉTHODOLOGIE

La collecte de données en ligne s'est déroulée du 7 au 9 janvier 2013 par le biais d'un panel web. Un total de 800 questionnaires ont été complétés.

Les résultats ont été pondérés afin de refléter la distribution de la population adulte du Québec selon le sexe, l'âge, la région de résidence, la langue maternelle et le niveau de scolarité des répondants. De plus, une série de questions tirées de notre vaste étude annuelle Panorama portant sur les valeurs ont été ajoutées au questionnaire.

Ceci nous permet de pondérer l'échantillon en fonction des valeurs personnelles des répondants à partir d'un échantillon probabiliste. Compte tenu du caractère non probabiliste de l'échantillon, le calcul de la marge d'erreur ne s'applique pas.