La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) part en croisade pour l'amélioration des conditions de travail dans les résidences privées pour personnes âgées.

À la veille de l'entrée en vigueur d'un nouveau règlement qui permettra de resserrer le processus de certification des résidences privées pour aînés, la FTQ lance la campagne «Prendre soin de nous... c'est aussi pour vous», qui dénonce les conditions déplorables dans lesquelles évolue le personnel des établissements privés.

La moyenne salariale de 11,85 $ l'heure qui prévaut dans le milieu est inacceptable aux yeux de la FTQ, qui vise un rattrapage salarial de 1 $ l'heure par année, jusqu'à l'automne 2015.

À compter de 2015 également, la fédération souhaite orchestrer des négociations coordonnées pour le renouvellement des conventions collectives des 100 établissements qu'elle représente, afin d'avoir un «vrai rapport de force».

Le président du Syndicat québécois des employées et employés de service (SQEES-FTQ), Jean-Pierre Ouellet, insiste pour dire que les nouvelles obligations prévues par la loi 16 devraient être assorties d'augmentations salariales.

Les nouvelles exigences en ce qui a trait à la formation obligatoire, à la vérification des antécédents judiciaires et aux tâches supplémentaires confiées aux préposés aux bénéficiaires justifient de meilleures conditions salariales, indique-t-il.

«On pense qu'il est maintenant temps pour les travailleurs de passer à la caisse», assure M. Ouellet.

La FTQ ne s'oppose cependant pas à l'entrée en vigueur de ces normes, et les juge nécessaires pour faire «face à la montée fulgurante» de ce type de résidences dans la province.

M. Ouellet explique qu'en raison du désengagement de l'État, la clientèle admise en résidence privée est souvent aux prises avec des maladies cognitives ou des troubles de démence qui exigent des soins pointus.

La FTQ soutient que Québec a procédé à des fermetures massives de lits dans le réseau public puis a encouragé le recours au privé. Ces décisions auraient entraîné des situations qui «frisent parfois l'indécence».

À cela s'ajoutent les impératifs de rentabilité qui priment dans certains établissements privés et qui ne vont pas toujours de pair avec la qualité des soins.

«Les gros promoteurs qui ouvrent des résidences ne font pas ça par grandeur d'âme et par charité chrétienne; ils visent le profit», soutient M. Ouellet.

«On ne peut pas donner de bons soins de qualité, être là avec de l'empathie et de la compassion, être formé adéquatement et ne gagner qu'un salaire de 11,85 $.»

Il croit d'ailleurs que des salaires plus élevés permettraient de mettre un frein au «roulement effarant» de personnel qui a actuellement lieu dans les établissements.

«En améliorant les conditions de travail, on va améliorer la rétention du personnel et ça, c'est très positif pour les résidents.»

«Vieillir dans la dignité est un droit au Québec, mais on aimerait que les travailleurs de ces résidences vivent dans la dignité», conclut-il.

Dans les prochaines semaines, la FTQ demandera au gouvernement de mettre sur pied une table de concertation sur les conditions de travail des employés de résidences privées.