Le nombre total de visites à la clinique sociojuridique de l'hôpital Sainte-Justine est stable depuis 10 ans mais, depuis 4 ans, les demandes de consultation pour sévices sexuels ont diminué alors qu'elles ont augmenté pour les sévices physiques.

L'augmentation des cas d'enfants battus alourdit le fardeau du système de santé. La Dre Claire Allard-Dansereau, responsable de la clinique, affirme qu'il n'est pas rare de consacrer de 15 à 30 heures à l'évaluation d'un seul cas grave, comme un traumatisme crânien non accidentel.

Les impacts de la maltraitance pèsent aussi sur le système de santé à plus long terme. Une étude célèbre publiée en 1998 dans l'American Journal of Preventive Medicine a démontré qu'une personne qui a vécu des expériences traumatisantes dans son enfance (violence physique, psychologique, agression sexuelle, violence conjugale, parent avec un problème de toxicomanie ou de santé mentale, parent qui a fait de la prison) est plus susceptible de souffrir de problèmes de santé à l'âge adulte. Et plus l'enfant est exposé à des expériences traumatisantes, plus la fréquence est élevée.

Un enfant qui a vécu des expériences traumatisantes risque trois fois plus de se suicider qu'un enfant qui a grandi dans un foyer normal. S'il a vécu 4 types de traumatisme, il risque 12 fois plus de se suicider, 10 fois plus d'utiliser des drogues injectables, 7 fois plus de devenir alcoolique. Plus frappant encore, un enfant qui a vécu quatre types de traumatismes dans son enfance risque deux fois plus de souffrir d'une maladie cardiaque, deux fois plus de souffrir d'un cancer, deux fois plus de faire une crise cardiaque et quatre fois plus de souffrir de bronchite chronique ou d'emphysème.

Des conséquences qui font peur, au moment où la Direction de la protection du Québec vient d'enregistrer au cours de la dernière année 6889 signalements de sévices, un record historique.