Plusieurs villes québécoises imposent l'immatriculation des bicyclettes, mais l'organisme Vélo Québec s'oppose farouchement à cette mesure «inutilement coûteuse». Sa directrice générale, Suzanne Lareau, estime que les cyclistes contribuent déjà suffisamment au développement du réseau cyclable.

«Ce sont des arguments de la droite qui ne mènent à rien, dénonce Mme Lareau. C'est un débat qui revient tous les quatre ou cinq ans et, chaque fois, on se rend compte que ça n'a pas de bon sens, que mettre ça en place est extrêmement coûteux.» Vélo Québec souligne que la majorité des villes québécoises ont abandonné cette pratique en raison de ses coûts élevés de gestion.

Suzanne Lareau dit qu'il est faux de croire que les cyclistes ne participent pas financièrement à l'aménagement des pistes cyclables. «Il faut arrêter de dire que les cyclistes ne payent rien. Ils paient des impôts et la plupart ont une voiture. C'est comme si on disait qu'il fallait mettre une médaille au cou des piétons pour financer la construction des trottoirs», s'indigne-t-elle.

Les Montréalais plus âgés s'en souviendront, la métropole québécoise a déjà imposé l'immatriculation des bicyclettes. Cette mesure, adoptée en 1899, a été abandonnée il y a plusieurs années. La Ville dit aujourd'hui s'opposer à cette mesure, estimant elle aussi qu'elle est inutilement coûteuse et risque de défavoriser la pratique du vélo.

Par ailleurs, «il faudrait que ce règlement soit appliqué dans toutes les villes pour qu'il soit efficace», dit Ève Carle, porte-parole de la Ville de Montréal. Sans quoi un cycliste de Laval risquerait de recevoir une amende dès qu'il franchit la rivière des Prairies.

Pour l'heure, seules quelques villes imposent encore aujourd'hui l'immatriculation des vélos. C'est le cas de Salaberry-de-Valleyfield où les cyclistes doivent se procurer une plaque pour 10$, sous peine de recevoir une amende de 15$ à 1000$. Ce règlement a été adopté en 1996 pour faciliter le travail des policiers lorsqu'il faut restituer un vélo retrouvé, explique le greffier de la municipalité, Alain Gagnon. «Ce n'est pas compliqué. Les gens ont seulement à se présenter à l'hôtel de ville et remplir une demande de permis. Ça prend 15 minutes et on leur remet une petite plaque qui est bonne tout le temps où ils restent propriétaires du vélo», résume M. Gagnon.

La Ville de Granby exige également l'immatriculation des «vélocipèdes», comme le précise son règlement municipal. Il en coûte 10$ par vélo. Les cyclistes surpris à circuler sans immatriculation sur le territoire de Granby s'exposent à des amendes de 20$.