aux prises avec des protestataires algonquins qui ont chassé ses employés de la forêt il y a une semaine et qui tenaient toujours tête à la Sûreté du Québec lundi soir, l'entreprise Produits forestiers Résolu décidera d'ici 48 heures si elle procède à des mises à pied à sa scierie de Maniwaki, qui ne peut fonctionner faute d'approvisionnement en bois.

Les droits de récolte de bois sont depuis longtemps l'objet de litiges dans le secteur de la réserve algonquine du Lac-Barrière, à mi-chemin entre Mont-Laurier et Val-d'Or. Mais les choses se sont corsées le 23 juillet en fin de journée.

Selon des documents déposés en cour par Produits forestiers Résolu, un petit nombre d'individus auraient alors fait irruption dans l'aire de récolte et auraient encerclé la machinerie lourde, faisant craindre un accident. Ils auraient ensuite forcé les opérateurs à quitter les lieux «sous la menace, les cris et les tentatives d'intimidation». Ils bloquent le chemin depuis et y ont même allumé des feux.

«Tout est calme, il y a une quinzaine de manifestants, dont deux non-autochtones et deux enfants. Il y a des travailleurs sur place, mais ils ne travaillent pas, et il n'y a pas d'affrontement. Plusieurs policiers sont sur place», a expliqué le sergent Gino Paré, de la SQ, en fin de journée hier.

La communauté de Lac-Barrière est divisée sur la question de l'exploitation de la forêt. Le Secrétariat aux affaires autochtones a multiplié les rencontres de négociations à ce sujet avec le conseil de bande, mais aussi avec les clans et familles dissidents, depuis 2011.

Des droits de coupe ont finalement été accordés à Produits forestiers Résolu. Une partie des Algonquins étaient d'accord. D'autres ont choisi de résister, car ils affirment que le déboisement détruit des lieux sacrés autochtones et l'habitat des orignaux.

«Tous les efforts de consultation ont été faits pour l'harmonisation forestière. Mais maintenant, l'entreprise est en droit d'aller de l'avant et le gouvernement doit prendre les moyens pour assurer la sécurité des travailleurs, la protection des emplois et la stabilité économique de la région. Donc, le dossier a été déféré au ministère de la Sécurité publique», explique Marie-Josée Paquette, attachée de presse du ministre des Affaires autochtones, Geoffrey Kelley.

L'entreprise a obtenu de la Cour supérieure une injonction qui ordonne aux manifestants de dégager la voie, mais les protestataires refusaient toujours de bouger hier. La SQ n'a pas encore l'ordre d'intervenir, car les autorités préfèrent miser sur la négociation pour l'instant.

Produits forestiers Résolu affirme que sa scierie de Maniwaki ainsi que certains de ses clients se retrouvent privés d'approvisionnement en bois. Elle se dit prise malgré elle au milieu d'un litige entre le gouvernement et les Premières Nations.

Elle affirme maintenant qu'elle pourrait être contrainte de ralentir ou de suspendre les activités de la scierie de Maniwaki, ce qui impliquerait la mise à pied d'au moins une partie de ses 80 employés. L'usine est fermée pour les vacances de la construction, mais elle doit normalement rouvrir sous peu.

«Nous sommes mal pris. Dans 48 heures, nous pourrons réévaluer ce qui sera fait», a expliqué Chantal Gauvin, porte-parole de Produits forestiers Résolu, en fin de journée hier.