Les projections de coûts de la Place Bell semblent sous-évaluées, selon des experts de l'industrie, qui sont étonnés par les écarts de budget avec les autres amphithéâtres au Canada.

«La Ville de Laval est très optimiste dans ses coûts», nous dit l'un d'eux, qui croit que le projet pourrait coûter 150 millions, plutôt que 120 millions.

Pour se faire une idée, il faut comparer les coûts de revient des amphithéâtres par siège. À Québec, si tout va bien, le futur Colisée coûtera 400 millions de dollars, soit 22 200$ par siège. En comparaison, le projet de 120 millions à Laval revient à 12 000$ par siège, presque deux fois moins.Certes, la comparaison entre Québec et Laval est imparfaite, puisque le coût des amphithéâtres augmente de façon importante avec le nombre de sièges. Toutefois, le projet de Laval (10 000 places) comprend aussi deux autres patinoires totalisant 3000 sièges. Si l'on retranche ces deux patinoires du projet, dont le coût avoisine les 25 millions, le coût par siège du projet de Laval chute à moins de 10 000$.

Même les amphithéâtres plus petits pour le hockey junior ont des coûts par siège plus élevés. Les projets de Gatineau (récemment annoncé) et de Moose Jaw (Saskatchewan) ont des coûts de plus de 13 000$ par siège.

En février dernier, le ministère des Affaires municipales du Québec a indiqué qu'il verserait 46 millions pour le projet. À cette somme s'ajoutent les 20 millions de Bell Canada pour l'utilisation du nom et les 12 millions promis par le gestionnaire evenko. L'administration du maire Gilles Vaillancourt s'est engagée à avancer les 42 millions qui manquent pour le projet de 120 millions.

Comme le gouvernement du Québec a plafonné son engagement, tout dépassement de coûts devrait être assumé par les citoyens de Laval. Le porte-parole de la Ville, Marc Deblois, ne veut pas aborder la possibilité d'un dépassement de coûts. «Ce sera 120 millions, on est convaincus», dit-il.

La Ville ne pourra vraisemblablement pas compter sur les taxes foncières de l'amphithéâtre pour rembourser ses investissements, contrairement au Centre Bell du Canadien de Montréal. En effet, le complexe de Laval sera détenu par un organisme sans but lucratif qui devrait bénéficier d'une exemption de taxes, en vertu de la Loi sur les cités et villes.

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Le stationnement extérieur a disparu du projet

Sans tambour ni trompette, l'immense stationnement qui devait être inclus dans le projet de la Place Bell, à Laval, a disparu des projections de coûts de la Ville.

En 2009, il était question d'un projet de 96 millions de dollars comprenant un stationnement extérieur de 3500 places, selon un communiqué du ministère des Affaires municipales (MAMROT).

Le gouvernement du Québec s'était alors engagé à verser 46 millions pour financer ces paramètres du projet.

Or, en 2012, l'immense stationnement a disparu du projet et les coûts ont malgré tout grimpé à 120 millions. Désormais, il est question d'un petit stationnement extérieur de 100 places, nous indique la Ville.

Où se gareront les automobilistes? «Nous allons favoriser les stationnements alternatifs et incitatifs qui sont près de l'emplacement», dit le porte-parole de la Ville, Marc Deblois.

Dans l'industrie, on estime que la différence entre les deux stationnements équivaut à plus de 20 millions de dollars. Autrement dit, si l'on incluait le stationnement de 3500 places annoncé en 2009, le projet ne serait pas de 120 millions, mais de 140 millions.

Malgré ce changement important, l'engagement du gouvernement du Québec n'a pas été réduit. Il est demeuré le même, soit 46 millions. Au MAMROT, on nous assure toutefois que le protocole d'entente avec la Ville «n'engage nullement le Ministère à financer un dépassement de coûts», a indiqué la porte-parole Caroline St-Pierre.

En 2009, la participation de Québec avait été annoncée par la ministre responsable de la région de Laval, Michelle Courchesne. Elle était accompagnée par trois autres députés libéraux de Laval, Guy Ouellette, Francine Charbonneau et Vincent Auclair.