Les secouristes ont enlevé leurs casques et baissé la tête en signe de respect mercredi après que leurs efforts pour secourir des survivants dans les décombres d'un centre commercial du nord de l'Ontario se furent soldés par le retrait de deux corps.

L'équipe, qui a passé les deux derniers jours à fouiller les débris du centre commercial Algo à Elliot Lake, a utilisé du matériel sophistiqué pour tenter de se frayer un passage jusqu'aux personnes qui auraient pu survivre à la suite de l'effondrement partiel du toit du bâtiment de deux étages samedi après-midi.

La mission de sauvetage s'est toutefois transformée en opération pour récupérer des dépouilles.

Selon les autorités, il ne restait plus aux secouristes qu'un amas de gravats de 12 m de long à passer au crible avant de terminer leur travail plus tard mercredi.

«Nous concentrerons nos efforts sur cette pile de débris afin de vérifier mon hypothèse selon laquelle il n'y avait que deux victimes à l'intérieur du complexe», a déclaré Bill Neadles, de l'équipe de Recherche et de sauvetage en milieu urbain à l'aide d'équipement lourd, lors d'une conférence de presse.

Percy Jollymore, un enquêteur de la Police provinciale de l'Ontario, a affirmé que ses agents avaient toujours en main une liste de personnes manquant à l'appel, mais a indiqué que ces gens n'avaient peut-être aucun lien avec l'incident survenu au centre commercial.

Le premier ministre ontarien, Dalton McGuinty, a offert ses sympathies à l'occasion d'une visite à Elliot Lake en fin d'après-midi.

Durant son discours devant les secouristes et les représentants des autorités locales, M. McGuinty a confié que ses pensées allaient vers les familles des deux victimes, qu'il a identifiées comme étant Dolores et Lucie.

En début de soirée mercredi, la police n'avait toujours pas divulgué l'identité des deux personnes retrouvées dans le centre commercial, mais le mineur à la retraite Rejean Aylwin avait confié par le passé qu'il craignait que sa fille Lucie ne soit prise au piège à l'intérieur.

Le premier ministre a fait l'éloge des résidants d'Elliot Lake, qui se sont relayés 24 h sur 24 sur le site de l'accident pendant que les recherches étaient en cours.

«Votre communauté a été mise à l'épreuve. Non seulement vous vous êtes montrés à la hauteur de la situation, mais vous avez aussi montré le meilleur des Ontariens», a affirmé Dalton McGuinty.

«Vous avez fait preuve de force, de gentillesse, de patience, de persévérance, de volonté et d'une détermination inébranlable.»

Le maire de la ville, Rick Hamilton, a également offert ses condoléances, qualifiant la découverte des deux corps de «très, très grande tragédie» qui touchait non seulement les victimes et leurs proches, mais aussi l'ensemble des citoyens d'Elliot Lake.

Même si l'heure était maintenant au deuil, certains ont soulevé des questions par rapport à l'efficacité de la mission de sauvetage menée au centre commercial Algo.

Les recherches avaient été suspendues lundi mais avaient repris à la suite de manifestations organisées par la population et de l'intervention personnelle de M. McGuinty.

Les gens d'Elliot Lake avaient été scandalisés par cette décision, annoncée quelques heures après que des signes de vie eurent été détectés dans les ruines.

Les autorités ont précisé qu'elles n'avaient jamais eu l'intention d'interrompre de manière définitive les recherches et insisté sur le fait que l'état du bâtiment aurait mis en danger les 37 membres de l'équipe chargée de retrouver les survivants.

Visiblement ébranlé, M. Neadles a assuré que les secouristes étaient d'accord avec la communauté sur le fait qu'on ne pouvait pas abandonner les survivants à leur sort.

«Vous savez que nous sommes venus ici pour vous aider», a-t-il déclaré. «Que vous ayez pu penser que nous allions simplement remballer nos affaires et retourner chez nous, ça nous a profondément attristés. Nous resterions ici encore quatre ou cinq semaines s'il le fallait.»

Afin de pouvoir s'acquitter de sa mission, l'équipe de sauvetage a dû procéder à la destruction d'un escalier mécanique instable et au retrait de blocs de béton.

Le travail a été retardé lorsqu'un bras robotisé expédié spécialement pour effectuer ces délicates tâches s'est avéré incapable de pénétrer à l'intérieur de la bâtisse. Il a d'abord fallu l'utiliser pour démanteler la structure depuis l'extérieur.

Même avant que les deux victimes ne soient découvertes, les citoyens d'Elliot Lake avaient du mal à digérer l'incident.

«Nous avons rongé notre frein pendant trois jours», a admis Dominique Hould. «Nous avons pleuré et nous avons ri dans ce centre commercial pendant plusieurs années. Pour nous, c'est notre centre commercial.»