Malgré un temps splendide, le traditionnel spectacle de la Fête nationale sur les plaines d'Abraham à Québec en 2012 ne passera pas à l'histoire comme ayant été un succès de foule. Bien au contraire.

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Mais la police, elle, était partout, en force, bien visible.

Un dispositif policier hors du commun, les resserrements décrétés par l'administration municipale et la crainte d'un débordement ont manifestement refroidi l'ardeur des fêtards beaucoup moins nombreux que par les années précédentes à affluer sur les plaines.

L'immense enceinte naturelle ne rassemblait qu'une foule éparse en milieu de soirée lors du coup d'envoi du spectacle réunissant les Marie-Mai, Andrée Watters, Paul Piché, Loco Locass et autres célébrités locales chargées d'animer la fête.

À quelques dizaines de mètres des plaines, des musiciens se produisaient devant un parterre aux trois quarts vide au Parc de la Francophonie. La masse des spectateurs s'est densifiée vers la fin de la soirée sans jamais atteindre l'ampleur des années passées. Des gamins de six, sept ans se baladaient librement ça et là, du jamais vu depuis longtemps.

En prévision de l'événement, la haute-ville avait été transformée en forteresse protégée par des centaines de policiers municipaux -700 agents avaient été déployés- des barricades érigées autour des édifices gouvernementaux et des points de passage.

Des agents de sécurité aux aguets fouillaient systématiquement tous les sacs aux abords du périmètre et de nombreux fêtards ont dû se départir des quelques canettes de bière qu'ils avaient jugé bon apporter pour soutenir la fête.

Sur le coup de 21 heures, l'animateur du spectacle Gildor Roy a invité les quelques milliers de spectateurs massés devant la scène des plaines à «faire une trêve» après un printemps agité marqué par le conflit étudiant, les manifestations houleuses sinon violentes et le concert tonitruant des casseroles.

«Ce soir je vous propose une trêve, je vous propose un gros party où on va célébrer ensemble comme une gang, une famille, où on va célébrer ce qui nous unit, ce qu'on aime, le Québec!», a-t-il lancé, suscitant un enthousiasme réservé dans la foule.

Un grand nombre de spectateurs affichaient en évidence les couleurs du fleurdelisé alors qu'une minorité d'entre eux arboraient aussi le carré rouge de la cause étudiante. Une poignée d'individus avaient le visage masqué.

Rencontrée aux abords de la scène, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, n'arborait plus, pour sa part, qu'une petite fleur de lys en épinglette.

«Peu importent nos opinions, je crois que ce soir, c'est un beau rassemblement, les Québécois ont le goût de fêter (...) Moi je dis aux gens: portez-le, portez-le, le carré rouge! Moi, j'ai choisi maintenant de porter le fleurdelisé, je crois que c'est rassembleur», a-t-elle dit, justifiant une nouvelle fois sa décision d'abandonner le port du symbole de la lutte étudiante.

Chez les participants, plusieurs constataient que la fête cette année n'était pas aussi enlevante que par les années précédentes.

«Avec tout ce qui se passe au Québec en ce moment, j'aurais cru qu'il y aurait eu plus de monde», a déploré l'un d'entre eux, un habitué des célébrations sur les plaines.

«Il y a beaucoup de policiers. Beaucoup. J'ai rencontré trois touristes français et ils n'en revenaient pas de voir autant de policiers. Ils n'avaient jamais vu ça», a relaté un autre qui trouvait démesuré le déploiement policier.

Peu avant minuit, les célébrations se poursuivaient dans un calme relatif, sans incident.

La police signale un total de 26 arrestations pour diverses infractions, notamment pour possession de stupéfiants.



Le maire Labeaume satisfait

Par voie de communiqué, le maire Régis Labeaume explique que la fête a été sécuritaire, en raison des mesures mises en place cette année. Selon lui, elles ont prouvé leur utilité.

M. Labeaume souligne que, tant au niveau de la propreté générale des rues que de l'accès aux services de soutien comme les toilettes, la restauration et les services de premiers soins, une amélioration notable de la satisfaction des citoyens a été constatée.