Le gouvernement Harper brandit la menace d'une loi spéciale pour mettre fin à la grève qui paralyse le Canadien Pacifique depuis tôt mercredi matin. Mais il souhaite avant tout un règlement négocié au conflit de travail.

La ministre du Travail, Lisa Raitt, calcule que le conflit de travail pourrait coûter un demi-milliard par semaine à l'économie canadienne s'il perdure. Il pourrait aussi provoquer des milliers de pertes d'emplois.

Elle exhorte donc le CP et ses employés à négocier ferme pour accoucher d'une nouvelle convention collective. Faute de quoi, elle présentera une loi pour forcer le retour au travail.

«Nous voulons nous assurer que les parties fassent leur possible pour s'entendre, mais qu'elles comprennent aussi que si elles sont incapables de conclure une entente, nous aurons la possibilité d'intervenir», a dit Mme Raitt.

La ministre n'a pas précisé quand elle compte légiférer. Elle craint qu'une grève prolongée n'affecte d'autres industries comme celles de l'automobile, du charbon et de la potasse, qui dépendent du CP pour transporter leur marchandise.

La Chambre des communes est en relâche cette semaine. Un projet de loi pourrait être déposé aussi tôt que lundi.

Les partis d'opposition ont critiqué la prise de position de la ministre, mercredi, mais le syndicat qui représente les quelque 4500 travailleurs en grève ne s'en fait pas outre mesure.

«On a vu ça de manière plutôt positive dans la mesure où Mme Raitt veut que les parties continuent à négocier », affirme le porte-parole des Teamsters, Stéphane Lacroix.

M. Lacroix souligne que la sortie de la ministre Raitt force aussi la direction du CP à redoubler d'ardeur afin de négocier une entente. Jusqu'ici, dit-il, les pourparlers vont toujours bon train.

«Le CP respecte l'annonce le la ministre du Travail et coopérera avec toute décision qui sera prise par le gouvernement», a pour sa part indiqué la porte-parole du Canadien Pacifique, Breanne Feigel.

Le transporteur ferroviaire se dit prêt à se soumettre à un arbitrage pour éviter que la grève se prolonge.

Le gouvernement Harper n'a pas hésité à légiférer, ces derniers mois, pour mettre fin à des conflits de travail à Postes Canada et à Air Canada.

Le Nouveau Parti démocratique s'insurge contre le recours «systématique» aux lois spéciales pour empêcher des grèves et des lock-out.

«Des relations de travail fonctionnent bien quand il y a un rapport de forces équilibré entre les parties, estime le critique du NPD en matière de Travail, Alexandre Boulerice. En menaçant d'une loi spéciale de retour au travail, ils viennent d'enlever la pression sur la partie patronale de négocier de bonne foi.»

Des mécaniciens, des conducteurs et plusieurs autres employés du CP sont en grève depuis tôt mercredi matin. Les pourparlers achoppent principalement sur les régimes de retraite. La direction dit souhaiter que les travailleurs bénéficient des mêmes conditions que leurs confrères dans les autres sociétés ferroviaires canadiennes.

Le CP est la deuxième société ferroviaire au pays derrière le Canadien National. Elle dessert des producteurs de grain, de charbon, de bois d'oeuvre et d'automobiles.