Le dérapage dans l'acquisition des chasseurs F-35 devrait inciter le gouvernement Harper à resserrer le contrôle du Centre de la sécurité des télécommunications (CST) au lieu l'exempter de publier certains états financiers, a affirmé lundi le syndicat qui représente les employés de cette agence ultrasecrète.

La Presse a révélé lundi que, à la suite d'un récent décret du gouvernement Harper, le CST n'est plus tenu de publier ses états financiers trimestriels. La mesure vise à protéger l'agence des regards extérieurs, car on craint que la divulgation régulière de ses transactions financières ne trahisse la nature de ses activités.

Or, les problèmes qui entourent le remplacement de la flotte de chasseurs CF-18 devraient amener Ottawa à reconsidérer sa décision, selon le président de l'Union des employés de la Défense nationale, John MacLennan. En effet, le gouvernement - et les contribuables - doit s'assurer que les fonds alloués à ces organismes liés à la sécurité soient bien utilisés.

Pas rassuré

«Je ne suis pas rassuré, affirme M. MacLennan. Avec le fiasco des F-35, on voit qu'il n'y a pas de transparence. Et ce dossier émane directement de la Défense nationale.»

Le CST a noué un partenariat avec l'entreprise privés pour bâtir un complexe de près de 1 milliard de edollars à Ottawa. L'importance de ce chantier et la participation d'une entreprise privée au projet devraient inciter le gouvernement à demander davantage de comptes à l'agence, estime M. MacLennan.

Le bureau du ministre de la Défense, Peter MacKay, a défendu la décision en faisant valoir que le CST continuera de publier des états financiers une fois par année. L'agence sera toujours supervisée par un juge surnuméraire ou à la retraite. Ses activités continueront d'être scrutées par la commissaire à la vie privée, le vérificateur général et le commissaire à l'accès à l'information. Enfin, elle rendra des comptes à des comités parlementaires.

Le CST faisait partie de la Défense nationale jusqu'à ce qu'elle devienne une agence à part entière en novembre dernier. Ce statut était accompagné de nouvelles exigences en matière de reddition de comptes.

Cet organisme fédéral se spécialise dans l'écoute électronique et le déchiffrage des codes. Il peut notamment intercepter des conversations privées entre des Canadiens et des étrangers afin de contrer d'éventuelles menaces militaires ou terroristes.