Le ministère de l'Immigration (MICC) ne sait pas s'il sauvera ou perdra de l'argent en transférant aux groupes communautaires la séance d'accueil offerte aux nouveaux arrivants.

«C'est une exercice qu'on ne fait pas, car la loi ne nous demande pas de le faire. Elle nous demande de le faire seulement pour les séances tarifées, et ces séances sont gratuites», explique Réal Grégoire, porte-parole du MICC.

Il n'est pas non plus capable de chiffrer le coût annuel prévu à la suite du transfert. On sait seulement que le gouvernement payera 300$ pour une séance de trois heures.Ces séances sont offertes aux immigrants moins d'une semaine après leur arrivée. On leur explique par exemple comment trouver un appartement et un emploi. Ils sont par la suite orientés vers des cours de francisation.

Cette formation était auparavant donnée par les fonctionnaires. La ministre Kathleen Weil veut transférer cette tache aux groupes communautaires de la Table de concertation des organismes au service de personnes réfugiées et immigrantes (TCRI).

Elle espère que ce transfert serait fait le 1er juillet. Mais le projet ne lui a pas encore été présenté. Il n'est pas complété. «On a fait 85% du travail administratif», dit M. Grégoire.

Le ministère rencontrera la TCRI lundi prochain. Il a rencontré vendredi le Syndicat de la fonction publique (SFPQ). En vertu sa convention collective, le SFPQ doit recevoir à l'avance une copie de l'appel d'offres. «Le ministère a l'obligation de prouver que (le transfert) coûtera moins cher», indique Jean-François Sylvestre, vice-président régional du Québec (SFPQ). Mais le ministère n'a pas été capable de lui prouver aujourd'hui. L'appel d'offres doit pourtant être lancé «très rapidement», dit M. Grégoire.

À l'étude des crédits budgétaires jeudi, le critique du PQ en matière de Langue, Yves-François Blanchet, a talonné la ministre Weil pour connaître ces chiffres. «Les organismes communautaires sont bien intentionnés, précise-t-il. Mais leur taille et leur vocation varient beaucoup. On ne sait pas s'ils sont en mesure d'assumer ce rôle. La ministre ne peut pas abdiquer sa responsabilité comme cela. Surtout pas dans la précipitation», soutient-il.

C'est pour améliorer «l'efficacité» des cours que le ministère prépare ce transfert. M. Sylvestre a déjà exprimé la crainte que Mme Weil ne le fasse plutôt pour pouvoir offrir plus de séances en anglais et accélérer le processus. Mais Mme Weil a assuré jeudi au Devoir que ces séances se donneraient en français, et ce même s'il faudra engager des interprètes.