L'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) fait des coupes dans ses programmes de salubrité en le cachant au public, a dénoncé hier le syndicat représentant les inspecteurs fédéraux des aliments.

Le ministre de l'Agriculture, Gerry Ritz, «a dit qu'il n'y aurait pas de coupes dans les inspecteurs et les programmes, mais il y en a», a indiqué à La Presse Raphaël Tarasco, troisième vice-président du Syndicat de l'agriculture.

Annoncées dans le dernier budget fédéral, les compressions de 10% des sommes allouées au secteur agricole entraînent la suppression de 650 postes à l'ACIA, selon les syndicats. L'ACIA n'a toujours pas confirmé ce chiffre.

Parmi les victimes, le processus de dédouanement et de suivi des viandes importées des États-Unis est éliminé, a annoncé hier le Syndicat de l'agriculture. «C'est un groupe de spécialistes qui s'assurait que les produits de viande étaient échantillonnés, a expliqué M. Tarasco. On importe environ 50 000 cargaisons par année de viande des États-Unis.»

Information nutritive inexacte dans 58% des cas

Cela s'ajoute à la vérification de l'étiquetage des aliments, des menus de restaurants et de la valeur nutritive des aliments, aussi suspendue, selon le syndicat.

Fait inquiétant, la valeur nutritive de 58% des 621 produits testés par l'ACIA, de 2006 à 2010, comportait des inexactitudes, selon des statistiques obtenues par Postmedia.

«Au cours des réunions du personnel, les dirigeants de l'ACIA ont révélé qu'une transformation radicale - c'est leur mot - de l'inspection prendra bientôt place», a souligné M. Tarasco.

Risqué, selon les libéraux

Ces mesures sont dangereuses pour les Canadiens, selon Frank Valeriote, porte-parole libéral en matière d'agriculture. «Le projet du gouvernement conservateur de réduire considérablement la surveillance de la salubrité des aliments à l'ACIA représentera un plus grand risque pour tous les consommateurs canadiens», a-t-il indiqué.

Dans un courriel envoyé à La Presse, l'ACIA a défendu les décisions prises. «Les changements qui seront apportés à certains programmes de l'ACIA en matière d'étiquetage, tels que l'approbation préalable des étiquettes sur les produits de viande et l'élaboration d'un outil d'autoévaluation en ligne, n'ont pas d'incidence sur la salubrité des aliments», peut-on lire.